Je pense quant à moi qu'il est assez facile d'imaginer un avenir sans nucléaire ; d'ailleurs, de nombreux pays, dont l'Allemagne, veulent en sortir.
Mais j'en viens à mes questions. Disposez-vous de renseignements précis sur la nature des radionucléides présents dans l'eau à Fukushima et sur la durée de leur demi-vie ?
En France, on avait jusqu'à aujourd'hui une approche probabiliste du risque, fondée sur une sorte d'espérance mathématique calculée sur la base, d'un côté, de la probabilité très faible d'un accident majeur, de l'autre, de coûts humains, environnementaux et financiers qui peuvent atteindre des sommets – il serait bien difficile par exemple d'évaluer le coût, vingt-cinq ans après, de Tchernobyl ! Évidemment, le résultat ne peut qu'être instable.
L'audit emploiera-t-il cette méthode « sacrificielle » ou privilégiera-t-il une approche conceptuelle, prenant en considération l'ensemble des accidents possibles, qu'ils soient d'origine naturelle – je rappelle qu'en 2003, au moment de la sécheresse, il avait fallu refroidir la centrale de Fessenheim avec un jet d'eau ! – ou humaine. Or le projet de la Commission européenne ne tient même pas compte du risque de terrorisme ! De même, il conviendrait d'envisager d'autres éventualités, notamment les accidents technologiques ; à cet égard, l'annonce de la construction d'un terminal méthanier à quelques kilomètres de Gravelines est plutôt inquiétante.
Après l'accident de Fukushima, les Japonais ont décidé de relever leurs normes d'exposition aux radiations. Madame la ministre, pouvez-vous nous garantir qu'une telle procédure est à tout jamais exclue en France, même en cas d'accident grave ?
Enfin, le défaut de conception du système de contrôle-commande du réacteur EPR, qui avait été signalé par l'ASN, a-t-il été corrigé ?