Nous parlerons en effet longtemps de ce dossier, car il faudra encore du temps avant que la situation ne se stabilise, et il y aura beaucoup d'enseignements à tirer. Certes, nous n'avons ni les mêmes centrales, ni les mêmes risques qu'au Japon. Toutefois, cela ne doit pas nous empêcher de nous poser la question de la sécurité de nos installations. Il importe de ne pas donner à nos concitoyens le sentiment qu'on leur cache des choses.
En premier lieu, pouvez-vous préciser les paramètres qui seront utilisés pour faire l'audit de sûreté de nos centrales ? Est-il vrai que l'on ait prévu des tremblements de terre d'intensité relativement faible dans des zones pour lesquelles la nouvelle carte de la sismicité est moins optimiste, et que l'éventualité de raz-de-marée n'ait pas toujours été prise en compte ?
On ne pourra pas dire que les organisations syndicales, en particulier celles d'EDF, n'aient pas appelé depuis très longtemps l'attention du Gouvernement sur le problème de la sous-traitance. La première fois qu'il est venu ici en tant que président d'EDF, M. Proglio nous avait dit qu'en six ans, six points de disponibilité du parc de production d'électricité avaient été perdus à cause d'économies faites sur ce poste. N'aurait-on pas cherché à faire du cash pour les actionnaires au détriment de la qualité de cette sous-traitance ? Et que dire de l'exposition aux rayonnements, proprement scandaleuse, de certains agents de sociétés extérieures, qui n'ont parfois pas de compétence particulière pour travailler en milieu nucléaire ? On sait bien que, pour répondre à un appel d'offre à moindre prix, la solution est de respecter le moins de règles possible. Nous n'échapperons pas à un débat sur le choix entre la production de liquidités à court terme et la sécurisation à long terme de nos centrales, et je ne doute pas que les organisations syndicales d'EDF auront à coeur d'y peser.
Il faudrait également s'interroger sur la nature de notre mix énergétique, ainsi que sur la vitesse de la transition que nous appelons de nos voeux. Il est facile de dire qu'il faut arrêter le nucléaire, encore faut-il savoir par quoi on le remplace. Une telle transition ne s'improvise pas.
Enfin, s'il convient de ne pas infliger une « double peine » à nos amis japonais, nous devons également protéger notre population et respecter les règles de précaution, notamment en matière alimentaire. D'ailleurs, lorsque nous avons connu des incidents sanitaires, comme la crise de la vache folle, ou d'autres, beaucoup plus graves, comme la présence de salmonelles dans certains produits, ils n'ont pas hésité à fermer immédiatement leurs frontières.