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Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 3 mai 2011 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Les observations de M. Voisin sur la dépense américaine sont très pertinentes. Mais le mode d'action de nos alliés repose sur la puissance : tout doit être prévu et tous les moyens, fussent-ils redondants, sont utilisés pour assurer une sécurité absolue. J'imagine qu'un cadre afghan doit observer ce déploiement avec un mélange de jalousie et d'incompréhension, voire de scepticisme goguenard. Mais ce sont les États-Unis et ils ont l'immense mérite, premièrement de le faire, deuxièmement de pouvoir le faire. Sans leur présence, il est vraisemblable que l'Afghanistan serait plongé dans une guerre civile beaucoup plus meurtrière que la situation actuelle, ou, pis, dans une paix des cimetières établie par la minorité la plus violente. Vous avez néanmoins raison de souligner que l'importance de ces moyens peut créer une forme de choc culturel et d'incompréhension. L'historiographie récente montre que la présence américaine en France entre 1944 et 1947 n'est pas sans ressemblances avec cette situation !

S'agissant des otages, les informations dont nous disposons ne traduisent de dégradation ni quant à leur état ni quant aux intentions de leurs ravisseurs. Il faut prendre en compte la différenciation des fonctions : ceux qui « vendent » sont en concurrence les uns avec les autres et font des offres de services aux ravisseurs. Toute la difficulté est de savoir à qui l'on parle.

Pour ce qui est de la disparition de Ben Laden, j'ai le sentiment qu'elle montre que le Pakistan n'est plus un sanctuaire pour personne. Or aucune insurrection ne peut durer si elle ne bénéficie pas d'un sanctuaire territorial. Les preneurs d'otages préféreront peut-être négocier tout de suite plutôt que d'attendre un lendemain rendu plus incertain.

Monsieur Ménard, vous connaissez parfaitement votre sujet et vous devriez le prendre en main. Comme vous le soulignez, le rapport de Jack Lang doit être défendu. En matière de piraterie, certains pays comme l'Inde ont décidé d'intervenir par la force et cela leur vaut beaucoup moins de soucis. Toutefois, je doute que ce soit la culture des pays associés à l'opération Atalante !

Cela dit, les résultats de cette opération sont moins décourageants que vous ne le dites. Le taux de succès des attaques est passé de 48 % en 2008 à 16 % en 2010. Le nombre de groupes de pirates démantelés a augmenté de 35 % entre 2009 et 2010. Aucun des navires escortés n'a été capturé. Le dispositif est coûteux et c'est le contribuable européen – en particulier français – qui règle la facture.

Le revenu global de la piraterie s'est élevé à 80 millions d'euros en 2010. La rançon la plus importante, de 11 millions d'euros, a été payée en avril 2011. Pour les pirates, l'attrait de la prime l'emporte sur le risque couru, puisque près de 90 % de ceux qui sont capturés sont relâchés en raison de l'insuffisance des capacités pénitentiaires et judiciaires dans la région. Parmi les prisonniers faits par la France, 138 ont été remis à des autorités judiciaires de 2008 à 2010 tandis que, dans le même temps, 284 étaient relâchés faute de preuves ou faute d'État à qui les remettre.

Le phénomène gangrène un espace maritime qui s'étend aujourd'hui jusqu'aux Seychelles. Une action européenne s'impose : tous les pays de l'Union bénéficient des containers arrivant à Rotterdam, mais seuls quelques pays paient la facture pour les bateaux de surveillance qu'ils envoient. Nous retrouvons là la question de la règle des 3 % que certains imposent à d'autres sans prendre leur part du fardeau de la défense.

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