Nous sommes dans une discussion un peu surréaliste car, en fin de compte, si vous voulez constitutionnaliser, c'est pour essayer de trouver une solution pour vous survivre à vous-mêmes. Vous voyez la possibilité que votre logique financière, économique et fiscale régressive soit mise en cause par les prochaines échéances électorales et vous essayez de trouver un subterfuge pour contraindre le Parlement de telle manière qu'une nouvelle majorité ne puisse pas mettre en oeuvre la politique pour laquelle elle aura été élue ; mais c'est illusoire, cela ne se passera jamais ainsi parce qu'on ne peut pas résister à la volonté d'un peuple comme le nôtre qui, lorsqu'il a des convictions, est capable de renverser des montagnes après avoir renversé la Bastille.
Quand j'écoute Gilles Carrez, il me fait penser aux percherons de ma Normandie natale qui ont blanchi sous le harnais. (Sourires.) Il sait comment on trace le sillon. Même quand le fermier lui dit qu'il y a la haie, il sait que c'est par là que passe le sillon. Heureusement qu'il y a des gens comme lui, qui ont l'esprit terrien, les pieds dans la glèbe, pour essayer de limiter les dégâts.
Dans sa filiation politique, il devait y avoir le préfet Lépine. Rappelez-vous les efforts qu'il a faits au moment où l'on parlait de la TP. Il avait démantelé le projet gouvernemental pour faire quelque chose de beaucoup plus travaillé, réfléchi, cohérent, utile, moins terrible que ce que le Gouvernement avait proposé. Gilles Carrez, que nous connaissons tous et que nous apprécions, même si nous partageons rarement ses opinions, est toujours dans cette logique. Dans ce cas particulier, son ambition est de nous faire échapper à un monopole strict qui reviendrait pour le Gouvernement à atteindre totalement ses objectifs.
Son ambition est modeste, il veut faire respirer un peu l'initiative de ses collègues. Pour François Goulard, sa proposition permet de donner un sens au travail parlementaire. Je pense qu'il est trop optimiste. Il serait plus objectif de dire qu'elle permet de ne pas vider totalement le travail parlementaire de sa dimension d'initiative.