Nous vivons depuis hier une situation assez étrange. Les instituts de conjoncture économique indiquent les progressions de croissance, les possibilités de l'économie, et chaque année, depuis quelque temps, les budgets présentés par le Gouvernement sont insincères car ils ne tiennent pas du tout compte de ces projections et s'appuient sur des chiffres largement surévalués. La majorité vote ces budgets insincères, certes en renâclant et en essayant de les modifier à la marge, mais elle les vote.
À présent, vous vous demandez comment vous pourriez vous donner bonne conscience. Ce que vous avez pratiqué depuis des années, tout à coup, il faut le bannir, comme si vous perdiez toute confiance dans la capacité qu'ont les parlementaires de rectifier les choses.
Je comprends qu'il soit difficile de prendre des mesures auxquelles votre électorat traditionnel n'est guère favorable. La Cour des comptes vous avait indiqué un certain nombre de pistes simples pour dégager entre 15 et 30 milliards de recettes. Vous ne l'avez pas suivie ou, s'agissant des niches fiscales, vous avez raboté à la marge. De même, pour le bouclier fiscal, dont nous demandons depuis des années la suppression, la pression populaire est passée par là et vous tentez de faire croire que vous le supprimez, mais en redonnant d'une main ce que vous prenez de l'autre, avec l'ISF, et en choisissant le moment opportun, alors que vous nous reprochez de penser au calendrier électoral. Je confirme que nous y pensons.