Cher Jean-Michel Boucheron, j'aimerais que vous ayez raison, tout à fait raison. Pour avoir, comme mes prédécesseurs, séjourné auprès de nos troupes en Afghanistan – trop brièvement sans doute –, pour avoir rencontré les responsables de la coalition, pour avoir échangé avec le président élu Karzai, je suis malheureusement amené à constater que nous sommes dans une situation complexe que la position géographique du pays et celle de ses voisins immédiats a rendue presque inextricable.
Assurément, vous avez raison, la disparition du personnage atrocement emblématique de Ben Laden est une occasion d'affaiblir ceux qui ont fait le choix des armes et du terrorisme. Ce n'est pas, pour autant, la certitude que toutes les formes armées de contestations d'un pouvoir élu puissent prendre fin.
C'est pourquoi nous devons, comme l'a indiqué le ministre d'État, faire preuve de sang-froid, garder le lien direct avec la coalition et mesurer le travail que nous accomplissons sur le terrain. En Surobi et en Kapisa, les troupes françaises font un travail formidable pour construire la sécurité. Nous pouvons espérer assurer, dans au moins une de ces deux régions, la transition, c'est-à-dire la prise en mains de la sécurité par l'État afghan lui-même. Ce sera, pour nos soldats, la meilleure récompense et la preuve que leur travail a été utile.
Cela dit, à l'instant où nous sommes, le sang-froid et le réalisme commandent toujours, même si un symbole de l'hostilité absolue a disparu, même si s'ouvre une chance de dialogue entre Afghans qui reconnaissent définitivement que la voie des armes n'est pas la bonne pour leur pays. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)