J'ai l'honneur de présenter devant vous en tant que président du conseil d'administration de l'Agence France-Muséums, un point d'étape sur le projet du Louvre Abou Dabi, véritable projet de la République.
Un « projet de la République » en raison de l'ampleur de ce projet de coopération culturelle internationale, de son ambition scientifique et culturelle, des valeurs qu'il porte et de l'implication des plus grandes institutions culturelles françaises, au premier chef desquelles le musée du Louvre, acteur central de ce projet porté par son président Henri Loyrette.
Vous le savez, le projet du Louvre Abou Dabi est issu de l'accord intergouvernemental signé le 6 mars 2007 entre la France et les Emirats Arabes Unis.
Ce cadre diplomatique est unique et rend compte de l'importance de ce projet pour la France mais aussi pour la partie émirienne, les autres projets de musées du district culturel de l'île de Saadiyat à Abou Dabi ne bénéficiant pas d'un tel niveau d'implication juridique et diplomatique. L'accord, ainsi que ses deux accords additionnels, ont été approuvés par le Parlement par la loi du 17 octobre 2007.
L'accord prévoit l'utilisation du nom du « Louvre » pendant trente ans ; des prêts d'oeuvres issues des collections publiques françaises pendant dix ans à compter de l'ouverture du musée (300 oeuvres au maximum pour des périodes allant de six mois à deux ans) ; l'organisation de quatre expositions par an pendant les quinze premières années suivant l'ouverture du musée. Parallèlement, une commission des acquisitions chargée d'aider le Louvre Abou Dabi à constituer sa propre collection.
Les enjeux financiers de l'accord sont importants, mais il faut souligner que le versement de ces sommes est échelonné sur trente ans, et qu'il s'agit tout de même de créer un nouveau musée de rang international. Une partie importante de ces sommes est destinée au futur musée, notamment pour constituer ex-nihilo une collection de premier plan.
Comme vous le savez, une structure dédiée au projet a été créée en juillet 2007, l'Agence France-Muséums, structure privée associant douze des plus grandes institutions culturelles dont le Musée du Louvre au premier plan.
L'Agence réunit donc : le musée du Louvre ; le Centre national d'art et de culture Georges Pompidou ; le musée d'Orsay et de l'Orangerie ; la Bibliothèque nationale de France ; le musée du quai Branly ; l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais des Champs-Elysées ; le musée et domaine national de Versailles ; le musée Guimet ; le musée Rodin ; l'Ecole du Louvre ; le domaine national de Chambord ; l'opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture, issu de la réunion en juillet 2010 de l'Etablissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels - EMOC - et du service national des travaux.
Le partenaire émirien est la société gouvernementale TDIC, présidée par Son Altesse Cheikh Sultan Bin Tahnoon Al Nahyan, président des autorités pour les arts, la culture et le tourisme d'Abou Dabi. Il faut noter que depuis la signature de l'Accord en 2007, un département culturel en charge des projets de musées de l'île de Saadiyat a été créé au sein de TDIC.
La relation entre l'Agence France-Muséums et TDIC est régie selon un contrat sur vingt ans signé en janvier 2008.
Le passage en phase opérationnelle a conduit à une implication plus directe du musée du Louvre depuis l'été 2010 qui s'appuie sur Laurence des Cars, directrice scientifique et Manuel Rabaté, secrétaire général.
En lien étroit avec le Louvre et son Président Henri Loyrette, l'Agence fédère donc l'expertise de ces institutions dans les domaines suivants : définition du projet scientifique et culturel ; assistance à la maîtrise d'ouvrage y compris pour la muséographie, la signalétique et les projets multimédia ; organisation des prêts des collections françaises et d'expositions temporaires ; conseil à la constitution d'une collection permanente ; définition de la politique des publics.
Fait important de l'année 2010, le représentant permanent de l'Agence France-Muséums, a pris son poste à Abou Dabi en juillet 2010. Le directeur de la maîtrise d'ouvrage est également présent sur place pour suivre l'avancée du chantier de construction.
Les établissements associés de l'Agence sont directement impliqués dans le projet par le biais de groupes de travail dédiés à certains enjeux logistiques ou stratégiques du futur musée comme la politique audiovisuelle ou commerciale, la gestion des collections, les publics, l'auditorium, etc.
J'insiste sur le fait que l'ampleur du projet du Louvre Abou Dabi illustre une collaboration culturelle inédite qui représente une occasion pour quelques unes des plus grandes institutions culturelles françaises de repenser leur rayonnement international à travers leur implication dans ce projet.
Je souhaiterais faire maintenant un point de situation sur l'avancée du projet.
Les Ateliers Jean Nouvel en charge du projet architectural ont remis la première version de leur dossier de consultation des entreprises au début de l'année 2010. Jean Nouvel a poursuivi en 2010 des tests, dans un prototype à échelle 1, des effets de pluie de lumière sous le dôme du Louvre Abou Dabi dont les résultats sont extrêmement satisfaisants.
La construction du Louvre Abou Dabi représente une véritable prouesse technique, notamment en raison du dôme de 180 mètres de diamètre. Les travaux d'implantation de plus de 4 500 pieux nécessaires à l'assise du bâtiment sont terminés. Les travaux de construction du musée proprement dits commenceront après l'annonce prochaine du nom de l'entreprise générale de construction par la partie émirienne.
Je vous rappelle que l'Agence France-Muséums n'est pas le maître d'ouvrage, ni le maître d'ouvrage délégué pour la construction du Louvre Abou Dabi. TDIC est le seul maître d'ouvrage du futur bâtiment. A l'instar d'un assistant à la maîtrise d'ouvrage, l'Agence France-Muséums et le Louvre formulent des avis et des recommandations à TDIC, des exigences cependant dans les domaines liés à la conservation et la sécurité des oeuvres.
L'Agence et le Louvre dialoguent constamment avec la partie émirienne pour faire respecter les standards et les valeurs liés au nom du Louvre et à l'implication de la France.