La question de M. Guilloteau est pertinente, car une intervention militaire est nécessairement coûteuse – même si une absence d'intervention l'est certainement plus encore. J'y répondrai de façon précise et rationnelle, au risque de paraître manquer de sensibilité. Du point de vue financier, ce qui est le plus important dans une opération, ce sont les surcoûts, c'est-à-dire ce qui relève de l'exceptionnel par rapport à l'entraînement et au fonctionnement normal de nos armées, compte tenu du délai normal de péremption de nos munitions. Ainsi, en Libye, onze missiles de croisière Scalp ont été tirés en deux salves – sept puis quatre –, sachant que le coût de chacun de ces missiles correspond à l'ordre de grandeur que vous avez indiqué.
Nous employons les moyens les plus adaptés à la situation. D'une certaine façon, l'interception de blindés devant Benghazi constitue le cas de figure le plus facile pour un aviateur : on sait où est l'ennemi – puisque seul un des camps dispose de blindés – et on a le matériel nécessaire pour le stopper. Lorsque les combattants se mêlent entre eux et roulent tous dans des pick-up identiques, le coût de l'intervention est moins élevé, mais le risque humain est considérable.
Tous théâtres confondus, nous restons dans l'épure du budget des OPEX. Bien sûr, si le conflit dure, nous serons obligés d'en tirer les leçons, et en particulier de nous donner les moyens financiers de poursuivre ces opérations. En tout état de cause, elles disposent d'un budget spécifique, et n'ont donc pas vocation à s'imputer, sur le budget d'équipement de nos armées.
Je ne suis pas en mesure de vous indiquer le coût global de l'opération libyenne. Mais pour l'instant, nous restons très en deçà du plafond du budget prévisionnel des OPEX. Les moyens sont donc suffisants, y compris dans le cas où d'autres grands partenaires en viendraient à réduire leur participation.