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Intervention de Alain Juppé

Réunion du 5 avril 2011 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Alain Juppé, ministre d'état, ministre des affaires étrangères et européennes :

M. Cambadélis me demande pourquoi nous avons tant attendu. Mais si nous étions intervenus plus tôt, sans un véritable mandat, j'aurais probablement eu droit à la question inverse !

La résolution 1975 donne mandat à l'ONUCI de s'emparer des armes lourdes, afin d'éviter qu'elles ne soient utilisées contre les populations civiles d'Abidjan. Il a fallu 48 heures pour que l'ONUCI se rende compte qu'elle n'était pas capable d'assurer cette mission. Elle donc appelé à l'aide la France et sa force Licorne : c'est à ce moment que nous sommes intervenus. Le Président de la République avait été extrêmement clair sur ce point : sauf pour protéger nos ressortissants, les troupes françaises n'interviendraient pas sans une demande formelle du Secrétaire général des Nations unies. C'est ce qui s'est passé.

Oui, nous appelons à la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Ce matin même, lors d'une conversation avec Alassane Ouattara, le Président de la République a demandé au président ivoirien de prendre rapidement une initiative en ce sens. De même, il va sans dire que nous condamnons les massacres, quels qu'ils soient. Il conviendra d'en découvrir les auteurs : c'est un élément essentiel du rétablissement de la concorde nationale.

À l'instar de Gérard Longuet, je ne crois pas qu'il y ait aujourd'hui un sentiment anti-français en Côte d'Ivoire. La communauté française est sereine et, en dépit de nos recommandations, seul un petit nombre de ses membres ont quitté le pays depuis janvier. Il a même fallu insister pour qu'ils acceptent de se regrouper. Nous leur avons rappelé qu'ils pouvaient être menacés par des bandes de pillards et d'extrémistes divers, mais eux manifestent une assez grande confiance. Il n'y a pas véritablement de signe d'un sentiment anti-français : j'espère que cela va continuer.

À l'heure où je parle, nous n'avons aucune information précise sur le sort des deux otages.

J'en terminerai avec la question de Mme Fort concernant la Libye. Pendant dix ans, on a affirmé que Ben Ali ou Moubarak constituaient le meilleur rempart contre Al-Quaida et les autres extrémistes. Aujourd'hui, on commence à dire la même chose de Kadhafi ! Je sais bien que des inquiétudes se font jour au sujet du jeu des terroristes d'AQMI à l'égard du Conseil national de transition. Naturellement, nous devons nous montrer très vigilants, mais à un moment donné, il faut savoir faire confiance. J'ai rencontré personnellement plusieurs membres de ce conseil : ce sont des hommes d'une grande sagesse et tout à fait responsables. La Charte pour la Libye nouvelle qu'ils ont élaborée est, du moins dans son texte, absolument irréprochable en termes de respect de la démocratie et des droits de l'homme.

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