L'article 2 précise le rôle des maisons de santé. À y regarder de plus près, on peut regretter que le Gouvernement, très volontariste quand il s'agit de promouvoir ces lieux très respectables, ne s'intéresse pas aux centres de santé. Or ceux-ci ont les mêmes missions que les maisons de santé, mais beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui menacés faute de moyens budgétaires.
Pour construire une politique territoriale de santé cohérente et efficace, vous devriez vous appuyer sur les centres de santé qui ont fait la preuve de leur capacité à offrir une médecine de qualité, de proximité, une médecine de premier recours efficace.
Beaucoup d'études montrent que les catégories les plus modestes et les plus exposées souffrent d'une grande inégalité d'accès aux soins par rapport aux catégories plus aisées. Or les mêmes études font apparaître que là où existent des centres de santé – qu'ils soient mutualistes, associatifs ou municipaux –, cette inégalité est significativement corrigée.
Qui plus est, les centres de santé sont le plus souvent des lieux d'innovation continue aussi bien dans le domaine de la santé publique, de la prévention que dans la pratique thérapeutique. Le travail en équipe y est développé avec des praticiens qui échangent beaucoup à la fois sur leurs patients et sur le projet de santé du centre. Leur pratique médicale tient compte de l'environnement du patient et de ses vulnérabilités tant sociales que pathologiques, par le fait que des assistantes sociales, des infirmières, des psychologues, des diététiciens, etc., apportent également leur concours.
Ces structures assurent aussi, disons-le, un réel confort aux praticiens qui, débarrassés des soucis de comptabilité ou de secrétariat, peuvent consacrer un maximum de leur temps à des tâches médicales, ce qui, vous en conviendrez, est le plus « efficient » – pour reprendre un mot devenu célèbre tant vous le répétez. La gestion administrative, l'accueil, l'entretien des locaux, le gardiennage ou même la sécurité sont assurés par d'autres salariés.
Si nous n'avons rien, au contraire, contre les maisons de santé, nous souhaiterions que vous intéressiez au maintien et au développement des centres de santé à un moment où beaucoup d'entre eux sont fermés ou menacés de fermeture. C'est le cas de douze centres de santé mutualistes des Bouches-du-Rhône ou de certains centres municipaux à Paris et dans d'autres villes, du fait notamment de la baisse des ressources des collectivités. Votre politique manque un peu de cohérence à cet égard et je tenais à le relever.