Je vous remercie M. le Président. Je veux d'abord vous remercier au nom des citoyens de la République de Moldavie pour l'intérêt que vous portez à la destinée de notre pays.
C'est la deuxième fois qu'un premier ministre de Moldavie se rend en France. Cette visite à Paris constitue un événement significatif dans la période de transformations et de réformes que connaissent actuellement la société et l'économie moldaves.
Comme vous le savez, nous avons réussi à renverser le régime autoritaire mais cette liberté a été conquise par le peuple dans la rue.
L'Alliance pour l'intégration européenne, actuellement au pouvoir, a le devoir de restaurer la confiance des citoyens qui aspirent à des libertés civiles et politiques, garanties par l'Etat, à des médias indépendants et des droits sociaux. Sur le plan extérieur, nous ambitionnons d'être les champions de la promotion des droits et libertés fondamentales dans la région. Sur le plan économique, nous souhaitons parvenir au même niveau de prospérité que les autres pays de l'Est européens. Mais nous ne pouvons demander à la population des sacrifices interminables alors qu'elle supporte déjà les coûts de la transition démocratique et les conséquences de la hausse du prix des matières premières. Nous sommes déterminés à faire de notre pays une économie de marché compétitive et à développer les connexions en matière énergétique avec les pays voisins et l'Union européenne.
La période de transition que nous traversons ne peut pas être dépassée sans l'adhésion du peuple ni sans le soutien de nos partenaires au premier rang desquels la France. Cette attention particulière de la part de la France, qui symbolise la démocratie et la prospérité économique, justifie notre souhait de nouer avec elle un partenariat privilégié. Nous nous réjouissons de l'intensification des relations bilatérales depuis deux ans, de nombreux investisseurs ayant manifesté leur intérêt pour une économie jeune et en plein développement.
Je rappelle que la Moldavie, qui est membre de l'Organisation internationale de la francophonie, est un îlot de latinité dans la région. Elle assure la promotion des valeurs de la francophonie et joue un rôle de passeur de la langue et de la civilisation françaises.
Dans les vingt dernières années, nos voisins ont consolidé la démocratie, édifié des Etats prospères et adhéré à l'Union européenne, notamment grâce au soutien de la France. Nous savons que le processus d'adhésion ne peut avancer qu'au gré des progrès réalisés dans chaque pays pris individuellement.
Du point de vue historique, géographique ou culturel, la Moldavie est sans doute un pays européen. Nous avons un passé commun et souhaitons construire un avenir commun sur la base des principes de l'Union européenne. Le processus de réformes continue pour aligner notre pays sur les standards européens et à terme faire acte de candidature à l'Union européenne. Nous travaillons notamment sur la lutte contre la corruption et les trafics, la consolidation de l'Etat de droit et l'amélioration du climat d'affaires.
Nous ne voulons pas que notre pays soit un lieu de transit pour les immigrés illégaux. C'est pourquoi nous exerçons un contrôle rigoureux aux frontières en coopération avec les forces de l'Union européenne. A cette fin, nous mettons en oeuvre un plan d'action responsable sur la question des visas.
Il importe que les citoyens moldaves ne perçoivent pas seulement l'Union européenne comme un instrument de démocratisation et de prospérité à l'intérieur du pays mais qu'ils aient conscience de la contribution qui peut être la nôtre à l'établissement d'une zone de sécurité en Europe. Ainsi, pourrons-nous nous rapprocher de l'Union européenne pas seulement pour profiter de ses avantages mais aussi pour en offrir nous-mêmes. A cet égard, grâce aux réformes que nous menons, nous pouvons être les vecteurs vers l'Est des valeurs européennes.
La Moldavie s'est ouverte ces dernières années à l'Europe. En vue de la signature d'un accord de stabilité et d'association, nous poursuivons à Bruxelles les négociations en matière de libre-échange. Je suis reconnaissant à la France pour le soutien politique qu'elle nous apporte sur ce point.
Je remercie également la France pour ses efforts diplomatiques afin de résoudre le problème de la Transnistrie. Nous sommes confrontés à un conflit sécessionniste, soutenu par des forces extérieures, qui mine notre énergie et notre potentiel de développement et qui est un foyer d'instabilité aux frontières européennes.
L'unité territoriale et la souveraineté sur l'ensemble du territoire national demeure l'objectif fermement poursuivi par le gouvernement moldave. Nous sommes conscients que sans intervention extérieure, les chances de voir ce conflit s'apaiser sont faibles. Pour autant, la logique des sphères d'influence n'est pas conforme à l'esprit du XXIème siècle. Les pays doivent pouvoir choisir le destin correspondant à leurs aspirations.
Cependant, nous percevons le changement d'attitude de Moscou comme un élément d'optimisme en faveur d'un règlement du conflit. La poursuite des réformes peut également encourager cette issue en rendant le pays plus attractif pour les citoyens de Transnistrie car plus prospère.
Je veux conclure en vous livrant le message suivant : les citoyens moldaves ont choisi définitivement la voie de la démocratie. Nous sommes prêts relever les défis qui se présentent à nous afin de ne pas les priver de leurs espérances et de ne plus être isolés sur la plan international. Conscients de notre rôle pour la stabilité de la région, nous devons maintenir nos efforts pour consolider les acquis démocratiques et faire de notre pays un exemple de réussite.
En conclusion, je veux vous remercier une nouvelle fois de me permettre de m'exprimer dans ce lieu et devant une importante commission de l'Assemblée. La France trouvera en la Moldavie un partenaire solide pour la promotion de la démocratie.