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Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 12 avril 2011 à 21h30
Modification de la loi portant réforme de l'hôpital — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

Elle constitue un véritable défi car, bien encadrée, elle vient de fait contrecarrer les plans de développement économique des firmes, qui optent aujourd'hui pour des stratégies au lit du malade afin de s'assurer d'une parfaite observance des traitements, position qui avait été rejetée en 2007 par l'ensemble des acteurs de notre pays, qu'il s'agisse des syndicats professionnels de santé, d'associations de patients ou d'élus de tous bords.

Les techniques d'approche du malade développées par les firmes sont redoutablement efficaces : j'en veux pour preuve le lancement d'un réseau social intitulé UniteMS.net, destiné à créer du lien entre malades atteints de la sclérose en plaques, par Merck Serono, qui, rappelons-le, est le laboratoire leader dans le traitement des formes récurrentes-rémittentes de cette maladie.

Je citerai encore l'exemple de la « proximologie », qui renvoie à l'accompagnement de l'entourage du malade. Cette notion inventée par le laboratoire Novartis, que personne ne connaissait il y a dix ans, est devenue un terme institutionnel que l'on retrouve dans l'intitulé de nombreuses assises consacrées aux aidants et aux accompagnants, qui se sont tenues sous le haut patronage des ministres de la santé successifs.

À l'heure où la population s'inquiète de sa sécurité sanitaire, et particulièrement du médicament, il serait pertinent de proposer des règles simples, déontologiques, transparentes, pour mettre en place une éducation thérapeutique qui soit effectivement au service des individus et non des firmes.

Les préconisations du rapport Saout – intégration de l'éducation thérapeutique dans un plan de soins coordonné, mise en place d'un cahier des charges, offre de moyens pour l'accompagnement du malade, financement le plus indépendant possible pour les associations de patients, représentants appelés à prendre toute leur place dans les diverses instances, notamment la Haute autorité de santé, création d'un fonds national pour le développement de l'éducation thérapeutique – pourront servir de base à nos échanges, qui devront se poursuivre bien au-delà de ce débat afin que la puissance publique reprenne toute sa place s'agissant d'un sujet majeur comme celui de la santé, a fortiori quand celle-ci devient défaillante et que la maladie arrive.

Faire et défaire, me direz-vous, monsieur le ministre, c'est toujours travailler. Mais quitte à défaire, autant refaire. Refaisons donc des propositions qui permettent de remettre le patient – dont il a été peu question en commission – au centre du système au lieu de rédiger un texte essentiellement sous le diktat des corporatismes. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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