La Serbie entretient avec la Croatie des liens de grande amitié, qui s'améliorent de jour en jour. Nous nous efforçons par ailleurs de protéger les droits de nos compatriotes installés en Croatie, comme ceux des Croates installés en Serbie, dont je rencontre les représentants tous les ans. Nos racines, héritées de l'ex-Yougoslavie, sont d'ailleurs mêlées. Personnellement je suis né à Sarajevo, fruit de l'union d'un Serbe du Monténégro et d'une Serbe de Bosnie-Herzégovine, elle-même fille d'une Serbe de Croatie – seules mes deux filles sont des Serbes de Serbie. J'ajoute que mes parents m'ont conçu à Paris, pendant leurs études : je suis donc un pur produit de la coopération scientifique franco-serbe !
Nous avons, avec les anciennes républiques de l'ex-Yougoslavie, les mêmes racines identitaires, linguistiques, culturelles et artistiques ; au fond, nos différences sont celles de régions appartenant à une même nation. C'est pourquoi les relations serbo-croates sont si essentielles.
Historiquement, notre pays entretient aussi des relations d'amitié avec la Russie. La plupart des échanges que j'ai eus récemment avec M. Poutine, à Belgrade, concernaient les investissements économiques. J'espère à cet égard que ma visite donnera une nouvelle impulsion aux relations économiques avec la France, qui, avec seulement un demi-milliard d'euros, n'est que le neuvième investisseur en Serbie. Notre pays, par son faible taux d'imposition sur les sociétés – 10 % – et sa stabilité, offre en effet de nombreuses opportunités à beaucoup d'autres entreprises que Lafarge et Michelin. J'ajoute que pas une seule des entreprises implantées sur notre sol ne l'a quitté.
Les accusations de M. Dick Marty sur le trafic d'organes doivent être prises avec la plus grande circonspection ; aussi ai-je publiquement exprimé ma réserve, ce que m'a vivement reproché l'opinion serbe. C'est que, sans contester la véracité du rapport ni méconnaître la monstruosité des faits en cause, et malgré le prix politique à payer, je veux laisser toute sa chance au dialogue avec Priština et à la recherche d'une issue pacifique. J'ai donc accepté de rencontrer M. Hashim Thaçi, que le rapport de M. Marty accuse pourtant d'être l'un des organisateurs de ce trafic criminel.
Entre un statut spécifique et une coexistence comparable à celle des deux Allemagne après 1945, moyennant un encadrement des échanges économiques, scientifiques et environnementaux, l'éventail des solutions acceptables est large, monsieur Rochebloine. Mais la Serbie ne peut faire aucun geste en faveur de l'indépendance du Kosovo. Que le Kosovo et la Serbie aient chacun un représentant aux Nations-Unies serait la solution extrême, mais, avant de l'envisager, beaucoup d'autres voies, je le répète, sont possibles. Consolidons la paix en y réfléchissant avec responsabilité !
Je suis fier d'avoir oeuvré à l'entrée de la Serbie au sein de l'Organisation internationale de la francophonie. Il nous faut encourager l'apprentissage de votre langue. Une école française a été créée ; nous essayons d'améliorer son fonctionnement. Belgrade compte également plusieurs écoles maternelles françaises – mes enfants ont d'ailleurs suivi leur scolarité dans l'une d'entre elles. Les activités du centre culturel serbe, situé en face de Beaubourg, sont très connues en Serbie – je pense par exemple à l'exposition des oeuvres de Vladimir Veličković. Je m'y rendrai tout à l'heure pour inaugurer une exposition, et prononcerai mon discours en français. (Applaudissements.)