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Intervention de Hervé Grimaud

Réunion du 5 avril 2011 à 17h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Hervé Grimaud :

Récylum est l'un des quatre éco-organismes de la filière DEEE, spécialisé dans la collecte et le recyclage des lampes usagées.

Pourquoi une filière spécifique ? Les tubes fluorescents, les lampes fluo compactes, les lampes à économie d'énergie ou encore les lampes à LED constituent un flux particulier : ce sont des produits fragiles, en verre, qui ne peuvent être collectés en même temps que les autres DEEE. D'autre part, l'absence de différenciation entre les lampes qui se trouvent dans des entreprises et celles qui sont chez les particuliers impose une approche globale de leur collecte : un arrêté spécifique prévoit que nous allons chercher ces produits aussi bien chez les distributeurs grand public que chez les grossistes, aussi bien dans les déchetteries municipales que chez les installateurs électriciens.

Par ailleurs, les lampes à LED, souvent considérées comme emblématiques de la lutte pour les économies d'énergie – la consommation d'énergie est divisée par cinq et la durée de vie du produit multiplié par six – et de la lutte contre le réchauffement climatique, ont le défaut de contenir des traces de mercure. Bien que les volumes soient minimes – les 140 millions de lampes fluo compactes et de tubes fluorescents vendus en France l'an dernier contenaient 750 kilos de mercure alors que les amalgames dentaires placés dans la bouche des Français l'année dernière en contenaient 15 tonnes –, c'est tout de même une spécificité qui justifiait qu'une équipe soit dédiée à la collecte des lampes.

Enfin, la collecte et traitement d'un tube fluorescent ou d'une lampe fluo compacte peuvent représenter de 50 à 60 % de son prix de fabrication. Les fabricants ont considéré qu'il y avait un véritable enjeu, notamment sanitaire, à collecter ces lampes, mais que cela ne devait pas se faire dans le désordre. Faute de quoi l'impact du coût de fin de vie risquait de brouiller les règles du marché, certains producteurs faisant le minimum pour que leurs produits coûtent le moins cher possible. D'où la volonté de mutualiser tous les moyens dans un seul véhicule – Récylum en France, mais un organisme homologue a été créé dans à peu près tous les États membres.

Récylum compte 640 adhérents – industriels, fabricants, distributeurs, intégrateurs, importateurs. Nous collectons environ 4 000 tonnes de lampes usagées par an, ce qui représente un tiers du gisement – mais nous sommes une filière encore jeune –, soit un niveau comparable à celui que connaissent nos voisins britanniques et allemands. On peut considérer que les particuliers comme les professionnels jouent plutôt bien le jeu. Cela dit, l'objectif que nous visons depuis plusieurs années, et ce avant même la mise en oeuvre de la directive européenne, est beaucoup plus ambitieux : il s'agit d'atteindre un taux de collecte de 65 %, une réalité dans certains pays du nord de l'Europe – mais ils ont commencé avant nous.

Collecter des produits disséminés, en petites quantités, aussi bien chez les particuliers que chez les professionnels constitue un défi. Nous avons fait jusqu'à présent le plus facile, en nous attaquant aux volumes les plus importants, présents dans les hypermarchés par exemple. Nous devons désormais trouver un second souffle en allant chercher les lampes usagées dans les petits commerces de proximité ou dans les PME. Nous avons lancé récemment une campagne afin de d'inciter les consommateurs à jeter leurs lampes dans les 13 000 bacs de collecte (20 000 d'ici à fin 2011) que nous avons installés dans les magasins.

Par ailleurs, nous devons collecter ces produits dans des conditions qui ne produisent pas plus de nuisances pour l'environnement que le gain retiré de leur recyclage. De par la forme du produit, nous transportons beaucoup de vide : nous n'avons donc eu de cesse d'optimiser la logistique. Il faut que les camions circulent le moins possible pour ramasser le maximum de ces lampes.

Un autre de nos objectifs est de recycler la majeure partie de ce que nous collectons. Nous parvenons aujourd'hui à recycler le verre et les métaux présents dans les lampes usagées, ce qui représente 95 % du poids des déchets. Mais le recyclage se limite encore à séparer les fractions afin d'isoler les parties les plus valorisables. C'est ce à quoi s'emploient les entreprises de traitement, omettant nombre de produits, soit parce qu'ils sont difficiles à recycler, soit parce que le marché n'existe pas, soit parce que la concentration des déchets collectés ne permet pas d'en extraire les matières. Nous devons aller plus loin et réussir à recycler la majeure partie de ces produits.

Grâce à une collaboration de deux ans avec l'opérateur Rhodia, nous serons ainsi capables dès 2012 de récupérer les luminophores, ces poudres fluorescentes qui sont constituées, en très faible quantité, de terres rares, et qui étaient jusque-là stockées définitivement dans des centres de déchets « dangereux ». Les matières premières qu'elles renferment sont utilisées dans la haute technologie, dans le domaine médical ou pour les batteries des véhicules électriques de demain. Quand bien même il ne s'agira que de quelques tonnes, elles ont une importance stratégique : les Chinois, qui sont les principaux détenteurs des gisements mondiaux, contrôlent l'exportation des terres rares et en privent nos industriels.

Enfin, il me paraît important de souligner notre dimension internationale. Fondé par des industriels européens, parfois même internationaux, Récylum s'inscrit dans une logique communautaire, échangeant régulièrement avec ses homologues européens.

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