Le visage des salles françaises est en pleine mutation. Le nombre de multiplexes s'est accru de manière fulgurante : alors qu'il représentait 3,9 % des établissements et 34,5 % des entrées en 2000, il compte aujourd'hui pour 8,4 % des établissements et 57 % des entrées. Dans son dernier rapport, le médiateur du cinéma, M. Maistre, s'inquiète de ce phénomène. Les multiplexes s'implantent sur tout le territoire en fragilisant les petites salles indépendantes en zone concurrentielle. Celles-ci sont victimes d'un effet de ciseaux : elles ne peuvent programmer les films dits « grand public » qu'en deuxième ou troisième semaine d'exploitation, tandis que les multiplexes les concurrencent directement en proposant de plus en plus de films d'art et d'essai. C'est la situation que subit aujourd'hui le cinéma municipal de ma ville de Noisy-le-Grand sous les coups du groupe UGC, et ce malgré l'intervention du médiateur du cinéma. La survie de ces cinémas de proximité est pourtant primordiale. Dans les grandes villes, ils animent le coeur de ville ; dans les villes petites ou moyennes, ils sont ancrés dans le tissu social et culturel. Ils accueillent notamment les écoles et aiguisent la curiosité des enfants par des programmations originales. Quel compromis le CNC pourrait-il donc trouver pour faire vivre ensemble ces deux approches de l'offre cinématographique aussi diverses que complémentaires ?
Vous avez d'autre part pour mission de soutenir l'ensemble des professions et des activités du cinéma. Comment accompagner l'évolution vers le numérique tout en préservant un savoir-faire technique ? Je pense notamment au métier de projectionniste et aux métiers de l'industrie créant les supports argentiques. Au-delà des oeuvres cinématographiques, ce savoir-faire technique participe en effet de la richesse du patrimoine culturel français et international.