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Intervention de Pascal Deguilhem

Réunion du 22 mars 2011 à 21h30
Organisation du championnat d'europe de football de l'uefa en 2016 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Deguilhem :

Au moment où l'on s'apprête à siffler la fin du match, je ne vous imposerai pas les prolongations… Notre équipe, constituée de onze joueurs et d'un remplaçant, sortira de ce débat une nouvelle fois vaincue ; mais c'est aussi l'ensemble des sportifs français qui auront perdu ce soir, au seul profit des sportifs professionnels.

Dans une période où l'argent public devient rare, dans un contexte aussi tendu financièrement, est-il souhaitable de proposer un texte voué à la seule satisfaction des exigences de l'UEFA, de son calendrier, est-il normal que le législateur soit amené à se prononcer sur des dérogations majeures en matière de football professionnel ? Nous pensons que non.

Notre opposition découle tout d'abord des exigences et charges inflationnistes imposées par l'UEFA. On ne pouvait pas revenir sur le cahier des charges de l'UEFA, avez-vous dit, madame la ministre. Les élus, l'ensemble des gouvernements européens – puisqu'il s'agit d'un championnat d'Europe – ne peuvent-ils donc rien faire face aux exigences d'une instance sportive ? Devront-ils se laisser imposer à l'infini des demandes de plus en plus déconnectées de la réalité économique vécue par les Français, par les citoyens européens, alors que ces mêmes contribuables, qui croulent sous les charges, seront amenés à garantir des équipements à l'usage exclusif du monde professionnel ?

Un certain nombre de nos collègues ont évoqué les normes des sièges, des salles, etc. Mais où est le football, où est le jeu là-dedans ? Toutes ces normes n'ont rien à voir avec la pratique sportive.

Il n'est pas illégitime que les acteurs publics, collectivités territoriales, État, financent les infrastructures pour l'organisation de grandes compétitions sportives. Ils le font déjà massivement. Mais doivent-ils pour autant se soumettre au diktat d'autorités sportives, aussi respectables soient-elles, telles que l'UEFA, présidée à nouveau par Michel Platini ? Du reste, pour ne pas subir ce diktat, certaines municipalités, sur le fondement d'une réflexion approfondie, alors qu'elles souhaitaient initialement accueillir des matchs de l'Euro, y ont finalement renoncé – je pense à Rennes, à Nantes ou à Strasbourg.

Faut-il rappeler qu'avant toute chose, les financements publics doivent couvrir l'exercice des missions de service public ? Nous en sommes loin ici, quand bien même nous nous réjouissons autant que vous que la France puisse accueillir de grandes compétitions sportives comme le championnat d'Europe 2016. Il ne serait pas remis en question si, par bonheur, la majorité devait changer en 2012.

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