Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, dans cette proposition de loi relative à l'organisation de championnat d'Europe de football 2016, je vois trois points inacceptables : les exigences tout à fait exorbitantes de l'UEFA ; la très faible participation de l'État à la réussite de ce projet, donc le transfert de charges vers les collectivités locales ; enfin, la dérogation au droit existant dans le seul but de satisfaire des intérêts privés.
Accueillir le championnat d'Europe 2016 est évidemment un grand plaisir. Nous avons tous le souvenir de la Coupe du monde de 1998, de l'enthousiasme, de la fête ; nous avons tous le souvenir de la Coupe du monde de rugby en 2007, qui fut aussi l'occasion d'une grande fête.
La ville de Nantes a accueilli ces deux événements. Pourtant, elle n'accueillera pas l'Euro 2016 : la municipalité a renoncé à poser sa candidature, car les exigences de l'UEFA étaient très excessives.
J'aimerais savoir si, à la suite du rapport sur les grands équipements sportifs, la France a demandé à l'UEFA de revoir à la baisse son cahier des charges. Le groupe socialiste a rappelé, dans une contribution, ses réserves vis-à-vis de ces demandes. Cela étant, je ne critique pas le président de l'UEFA, qui a été brillamment réélu aujourd'hui. Il travaille d'ailleurs pour que les clubs soient plus raisonnables dans le domaine financier, et pour que leurs budgets soient équilibrés.
À Nantes, pour accueillir ce championnat d'Europe, il aurait fallu 80 à 100 millions d'euros de travaux. Il n'y a pas si longtemps, nous avons pourtant accueilli la Coupe du monde de rugby : les sièges mesuraient quarante-sept centimètres ; on demande maintenant cinquante centimètres pour recevoir les spectateurs. Ceux qui assisteront aux matches du championnat d'Europe sont-ils plus gros que ceux qui ont assisté aux matches de la Coupe du monde de rugby ?
On nous demande d'agrandir des vestiaires : il est apparemment nécessaire de disposer d'espaces plus importants pour onze joueurs de football que pour quinze joueurs de rugby. On nous demande des espaces « VIP », des espaces commerciaux. Tout cela est évidemment à la charge du contribuable. C'est d'autant moins acceptable que, comme certains l'ont déjà rappelé, l'aide de l'État ne se monte qu'à environ 7 % du montant.
Le maire de Nantes a renoncé à poser la candidature de sa ville, et j'en suis satisfait. Peu de Nantaises et de Nantais, peu d'habitants de notre département et de notre région, se sont d'ailleurs offusqués de ce choix en apprenant la dépense qu'il aurait fallu engager pour deux ou trois matches de football.