Quel crédit accorder à votre capacité d'action lorsque le ministre de l'intérieur nie la progression de 13 % des violences sexistes sur la voie publique, en la confondant avec la révélation de faits de violences conjugales ?
Cette résolution, par laquelle le groupe majoritaire rappelle au Gouvernement que sa mission première est de faire appliquer les lois, constitue un aveu inquiétant.
Nous nous inquiétons d'une rédaction a minima dont les indignations sélectives semblent vouloir exonérer les pouvoirs publics de toute responsabilité dans la marche vers l'égalité.
Les exemples sont nombreux.
Souhaiter que les entreprises appliquent les lois existantes en matière d'égalité professionnelle, c'est très bien ; mais pourquoi alors repousser à 2012 l'application de sanctions à l'égard de celles qui ne respectent pas ces lois, alors que le calendrier engageait le Gouvernement à le faire avant la fin de l'année dernière ?
Insister sur la nécessité d'améliorer quantitativement et qualitativement l'accueil de la petite enfance, c'est très bien ; mais comment comprendre que dans le même temps un décret dégrade les normes d'accueil, tant au niveau du taux d'encadrement des enfants que de la formation des professionnels ?
Comment, encore, ne pas rappeler que la libre articulation entre la vie familiale et professionnelle repose sur un accès effectif des femmes au droit de maîtriser leur vie sexuelle et reproductive ?
Encourager les pères à s'impliquer dans l'éducation des enfants, c'est très bien ; mais pourquoi ne pas leur offrir les outils législatifs, comme un congé paternité obligatoire, qui garantiraient leurs droits contre les pressions d'employeurs qui considèrent encore trop souvent que la vie familiale est le domaine exclusif des femmes ?
Féliciter les entreprises qui devancent la contrainte de la loi pour faire accéder des femmes aux postes de responsabilité, c'est très bien ; mais comment ne pas souhaiter dans le même temps que les pouvoirs publics soient exemplaires ? Pourtant, le nombre de femmes au Gouvernement ne cesse de diminuer, pour atteindre aujourd'hui 32 % ; trois femmes quittant le CSA ont été remplacées par une femme et deux hommes ; il n'y a plus qu'une femme sur onze parmi les membres du Conseil constitutionnel, contre deux jusqu'en 2010 ; la réforme territoriale va substituer à un mode de scrutin paritaire un mode de scrutin qui conduit à l'élection de moins de 20 % de femmes.