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Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 22 mars 2011 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'intervention des forces armées en libye et débat sur cette déclaration — Application de l'article 35 alinéa 2 de la constitution

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

.et Dijon avec les Mirage 2000-5.

Derrière ces quelques dizaines de pilotes, il y a des milliers de professionnels engagés pour la réussite des armes de la France et pour l'autorité, monsieur le Premier ministre, de la parole française.

Jean-Marc Ayrault a fait remarquer que l'on ne gagnait pas une guerre avec la seule arme aérienne. Certes, et l'on pourrait ouvrir un débat historique. Je lui indique que nos aviateurs interviennent dans le cadre de la résolution 1973 qui a pour objet – le ministre d'État le rappelait à l'instant – d'assurer la protection des habitants. Cette protection n'est pas simplement la mise en oeuvre d'une zone d'exclusion aérienne. Il s'agit de protéger les habitants contre toutes les formes d'agression que permettent les moyens lourds d'une armée professionnelle. La zone d'exclusion aérienne est la première étape. Nous pouvons d'ores et déjà considérer que sa mise en oeuvre est un succès dans la mesure où, à ce jour, aucun hélicoptère ou avion de combat sous l'autorité du gouvernement de Tripoli ne vole et n'est vraisemblablement plus en mesure de voler. Voilà pour la première étape.

Cela étant, il ne s'agit pas simplement de desserrer l'étau par des frappes aériennes sur des agresseurs aériens. La démonstration de samedi, de dimanche et de lundi réalisée à la fois par l'aviation française et celle de la coalition montre que toute forme d'agression lourde – de blindés ou d'artillerie – peut être combattue depuis les airs par nos avions, les Mirage 2000-D tout particulièrement, et les Rafale équipés à cet effet. L'objectif de protection des habitants ne sera atteint que lorsque les artilleurs et les blindés seront dans leur caserne ou hors d'état de nuire.

La présence de la marine n'a rien d'incongru, puisque 90 % de la population libyenne habite sur une bande côtière de quelques dizaines de kilomètres de profondeur sur près de 1 500 kilomètres de long. Le fait d'être, à cet instant, en mesure d'interdire toute sortie de la marine libyenne sécurise des villes assiégées comme Misrata d'une offensive maritime qui aurait pu être dangereuse pour les assiégés de cette ville.

Nous disposons de réels moyens d'intervention qui vont bien au-delà de la simple zone d'exclusion aérienne. Si, à ma connaissance, il n'y a pas eu de tirs sur des blindés ou sur de l'artillerie, c'est parce qu'il n'y avait pas de cibles, du moins identifiées par la coalition.

Vous me direz que l'intervention aérienne est certainement de moindre portée qu'une guerre traditionnelle. C'est sans doute la raison pour laquelle, monsieur Ayrault, même sans tenir compte du problème juridique, il était impossible d'intervenir dans le cadre de combats urbains. En revanche, l'aviation est en mesure de neutraliser tous les supports logistiques d'une troupe au sol. Même si elle n'a ni blindés, ni canons lourds, elle a besoin d'une logistique, que nous sommes en mesure de la neutraliser.

C'est la raison pour laquelle, au-delà de la simple zone d'exclusion aérienne, l'intervention extrêmement précise de l'aviation permet au « débat » libyen d'être le plus équilibré possible. C'est en tout état de cause le voeu que forment les militaires.

Je voudrais traiter d'un deuxième et dernier point : l'extrême réactivité de la chaîne de commandement.

Nous aurions pu, monsieur le ministre d'État, intervenir quelques heures après votre projet de résolution. Le Gouvernement n'a pas souhaité le faire, par respect pour les procédures et pour ne pas donner le sentiment du fait accompli.

Aujourd'hui, en revanche, nous sommes dans un état de réactivité absolue, car au-delà des préoccupations politiques parfaitement légitimes exprimées au niveau international, dont certains orateurs se sont fait l'écho et auxquelles le ministère d'État a répondu, il faut que vous sachiez que la coopération des états-majors est telle que l'information circule en temps réel. La décision de tirer ou de ne pas tirer, d'intervenir ou de ne pas intervenir – grâce, il est vrai, à des procédures de coopération anciennes et établies – relève d'une gestion en temps réel, dès lors qu'il existe une volonté politique. Or, de manière manifeste, à l'initiative du Président de la République française, en solidarité avec le Premier ministre David Cameron, il existe une volonté politique relayée par la plus grande puissance du monde que sont les États-Unis, auxquels se joignent les pays de la Ligue arabe et les pays européens.

Enfin, comme vous le savez, je suis un homme de tradition et je ne peux rappeler sans émotion que c'est en Libye, avec les cailloux blancs que sont Koufra, Bir Hakeim et Tobrouk, que la France a connu les premières étapes de sa liberté. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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