Monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre d'État, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous avons tous vu les images insoutenables filmées à Benghazi : il était fait recours aux armes pour tenter de mater les aspirations du peuple libyen qui, après plusieurs décennies de servitude, n'aspirait qu'à la démocratie et à la liberté. Il s'agissait ainsi, pour reprendre les propres mots de Kadhafi, de « purger la Libye, ville par ville et maison par maison », ainsi que d'« exterminer », purement et simplement, les leaders du Conseil national de transition constitué quelques jours plus tôt.
La communauté internationale ne pouvait pas rester en retrait ; il fallait mettre un terme à ce bain de sang. En cet instant où il nous appartient, conformément à la Constitution, d'évoquer l'engagement de nos moyens militaires, l'engagement de nos pilotes et de nos marins au secours du peuple libyen, il est une responsabilité que nous avons tous en partage : celle de permettre à la France de parler d'une voix forte, de manière claire, cohérente, et de donner à son message tout le sens et tout l'écho qu'il mérite sur la scène internationale.
Monsieur le Premier ministre, je sais bien que l'unité nationale ne se décrète pas. L'orateur qui m'a précédé l'a malheureusement démontré : le rassemblement des forces politiques qui concourent à la vie démocratique de la nation ne va jamais de soi. Néanmoins, et je m'adresse tout particulièrement au président Ayrault, notre histoire est jalonnée de ces moments où nous devrions laisser de côté nos différences, quand est en jeu le rôle que la France entend tenir dans l'ordre mondial au service de la liberté. Mes chers collègues, ces moments souvent éphémères font l'honneur de notre démocratie, et celui de la République.
En cet instant, nous mesurons aussi, mieux que jamais, toute l'étendue de la charge qui pèse sur ceux à qui il revient de prendre les décisions qui engagent l'avenir du pays et d'exprimer la volonté nationale.