Et qui annonce que la France reconnaît le gouvernement d'opposition libyen ? M. Bernard-Henri Lévy et le Conseil transitoire libyen, au moment même où notre ministre des affaires étrangères négociait une position commune avec nos partenaires européens ! Comment peut-on espérer dès lors que l'on prenne au sérieux notre politique étrangère ?
Il faut par ailleurs se demander si cette reconnaissance a été envisagée comme il se devait. En effet, la seule chose que nous savons avec certitude de ce Conseil transitoire libyen, c'est que son président est un ancien ministre de la justice de Kadhafi, que son chef d'état-major est un ancien ministre de l'intérieur, que d'autres de ses membres enfin préfèrent conserver l'anonymat. N'aurait-il pas été préférable, dans ces conditions, que notre pays prenne plus de précautions ou, en tout cas, qu'il ne décide pas à la place du peuple libyen qui était en mesure de le représenter ?
Notre politique étrangère met aussi et surtout en évidence l'existence de deux poids et deux mesures en matière de droit d'ingérence. Nos dirigeants ont en effet fait valoir le principe de non-ingérence pour justifier de leur silence assourdissant et de leur immobilisme lors du soulèvement du peuple tunisien, une non-ingérence d'autant plus justifiée qu'il s'agissait d'une ancienne colonie française.