Enfin, les objectifs militaires ne peuvent pas résumer notre intervention.
Les campagnes de bombardement provoquent toujours des mouvements de population. Les avancées et les reculs successifs des forces armées sont prévisibles et imposent que soient anticipées des opérations d'urgence humanitaire. Les approvisionnements logistiques des zones libérées doivent être organisés.
Pour répondre à ces besoins, la communauté internationale doit créer des zones d'accueil et des plateformes logistiques aux frontières occidentale et orientale de la Libye, ce qui passera par une coopération renforcée avec les gouvernements transitoires tunisien et égyptien.
Voilà, mes chers collègues, les conditions dans lesquelles nous avons approuvé le processus engagé sous l'égide des Nations unies.
Je voudrais conclure en vous disant notre conviction que ce qui se détermine aujourd'hui n'est pas le seul destin de la Libye. Il se joue quelque chose de plus profond, de plus grave, de plus absolu. Notre activité diplomatique ne peut se limiter au théâtre libyen. Notre vision doit s'inscrire dans un cadre plus large pour trouver sa pleine cohérence.
Ainsi, nous devons partager ce moment où l'idée de la liberté gagne de nouveaux territoires. Notre vision stratégique doit nous conduire à accompagner le monde arabe dans la mise en oeuvre des principes que nous croyons universels.
Cela passe, aujourd'hui, par la protection de populations qui, sans l'intervention internationale, seraient promises à la barbarie.
Cela passera, demain, par l'aide à tous les peuples libérés pour consolider la démocratie, en favorisant leur développement économique, en assurant une coopération avec des partenaires qui ne veulent plus être traités comme de simples obligés.
Nous devons soutenir un processus qui peut permettre l'émergence d'États de droit qui, tout en préservant la liberté de conscience, séparent le temporel du spirituel. (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) La démocratie, la liberté et le développement économique sont les meilleurs remparts contre le fanatisme et le terrorisme. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)
Aujourd'hui, les peuples libérés, et ceux qui se libéreront demain, nous regardent. Ils n'oublieront pas. Les liens économiques, culturels, stratégiques dans le monde arabe et en Afrique s'apprécieront à partir de la façon dont nous aurons accueilli leur formidable mutation. Ne pas le comprendre relèverait de la faute politique et historique.
Nous sommes le pays de la liberté. Nous pensions avoir tout écrit. D'autres peuples renouvellent dans leur langue, avec leur alphabet, ce formidable élan qui nous inspire depuis 1789. Il était de notre responsabilité qu'il ne s'arrête pas aux portes de Benghazi, pour que les peuples arabes puissent écrire chacun leur histoire. Notre fierté est de les accompagner, sans les précéder, ni les abandonner.
Et pour nous, aujourd'hui, le combat pour la liberté porte un nom, celui de Libye. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)