Il était difficile, au moment où elle a été prise de savoir qu'il y aurait une crise financière et économique mondiale majeure l'année suivante. Comme dans toute entreprise, arrêter un processus de fusion au milieu du gué peut aussi être pire que tout.
Je partage pleinement les propos de Jean-Louis Borloo sur l'émiettement des responsabilités : même si chacun souhaite de bonne foi atteindre un objectif commun, chacun reste néanmoins convaincu que ses méthodes sont les bonnes et que ses financements n'appartiennent qu'à lui.
Nous avions souligné au début de la crise que l'on ne réussirait pas à lutter efficacement contre les conséquences sur l'emploi si l'on ne changeait pas de mode de gouvernance, et qu'il convenait d'oublier, au moins de façon provisoire, tout conflit politique entre partenaires sociaux et État, entre État et région, etc. Des efforts ont été accomplis, mais on aurait pu faire mieux. À l'évidence, il faudra des réformes structurelles plus importantes, car il est insupportable que des questions de gouvernance conduisent à des pertes de chance pour des jeunes et plus généralement pour les Français.
Bien évidemment, il faut une politique industrielle et de croissance surtout pour les jeunes qui sont, plus que les autres, sensibles à la conjoncture économique. C'est le b.a.ba.
Enfin, lorsque nous avons traité de l'orientation scolaire et professionnelle, c'était la première fois qu'une instance chargée de l'emploi s'intéressait à cette question. Comme on pouvait le craindre, la communauté éducative s'est immédiatement méfiée, au même titre par exemple que les acteurs de l'emploi – chefs d'entreprise, etc. – se méfient du monde de l'éducation. Il faut arriver à surmonter ce problème culturel en France. Notre expérience montre cependant que l'on peut parvenir à travailler non seulement avec tous les acteurs du marché du travail, mais également avec la communauté éducative, les syndicats d'enseignants, les directeurs de CIO et les conseillers d'orientation par exemple. Nous avons même réussi à impliquer directement par des consultations Internet des jeunes et leurs parents.
Au-delà des institutions heureusement – pour finir sur une note d'optimisme –, les choses bougent sérieusement dans les têtes.