Je rejoins votre analyse concernant les raisons du non-emploi des jeunes, qui peut en effet être dû à l'illettrisme, à la formation et à l'orientation, mais je ne peux vous suivre lorsque vous parlez de s'en remettre sur ce dernier point aux conseillers d'orientation, car leur échec est patent. La cité des métiers qui, dans mon secteur, est adossée à une maison de l'emploi, constitue en revanche une vraie réponse, car l'orientation se fait aussi en fonction des débouchés.
On ne parle pas assez non plus du « savoir être ». Des offres d'emploi ne sont pas pourvues parce que les jeunes ne savent pas toujours se présenter, et vous pourrez prendre toutes les mesures que vous voudrez, l'entreprise n'embauchera pas ces jeunes, lesquels sont souvent les plus éloignés de l'emploi et issus de familles où il a manqué une certaine forme d'éducation. À cet égard, le dispositif EPIDe, du nom de l'Établissement public d'insertion de la défense, répond à l'attente de nombreuses entreprises qui sont ravies de les recruter lorsqu'ils en sortent.
S'agissant par ailleurs de mobilité, les programmes européens autres qu'ERASMUS pour les jeunes étudiants, vont-ils prendre en compte l'apprentissage ?
Si en matière d'alternance, je suis d'accord avec mes collègues pour dire que c'est la solution, les entreprises doivent aussi pouvoir accueillir les jeunes en question à un coût moindre et disposer du temps et de tuteurs suffisants. Attention à ne pas trop charger la barque.
J'en viens à la flexibilité. Le jeune qui n'a pas été en alternance n'a pas sa première expérience, ce qui est un frein à l'entrée dans le monde du travail. À cet égard, l'emploi précaire peut être une chance. Si j'ai rappelé, dans mon rapport il y a six mois au Parlement européen sur « les contrats atypiques, la flexisécurité et la sécurisation des parcours professionnels », que la norme devait être le contrat à durée indéterminée, il ne faut pas craindre pour autant ces petits contrats qui permettent de donner un premier contact avec l'entreprise.
Enfin, je ne puis être d'accord avec vous s'agissant de la discrimination. Que l'on ait vingt ou quarante ans, le nom ou le prénom reste un même problème : la discrimination n'est pas un problème d'emploi des jeunes. Il se pose à tout le monde à tous les niveaux.