Tout d'abord, monsieur Loncle, ce n'est pas seulement l'ambassadeur, mais l'ensemble du personnel diplomatique français qui s'est retiré de Tripoli – y compris ceux que l'on appelle les « amis de la France », c'est-à-dire tous nos employés africains, dont certains travaillent à notre service depuis quinze ou vingt ans, et qui auraient pu courir un vrai danger en restant. La France n'est d'ailleurs pas la seule à avoir pris cette décision : les Américains, les Britanniques, les Espagnols, les Portugais sont partis également. Les pays de l'Union européenne qui ont maintenu une représentation – réduite – sont les Pays-Bas, l'Italie, Chypre, Malte, la Croatie, la Roumanie et la Grèce.
En ce qui concerne la coopération bilatérale, un certain nombre d'accords ont été signés en 2007 dans différents domaines. En octobre 2010, à l'occasion de la visite de M. Estrosi, ministre de l'industrie, une déclaration d'intention a été signée pour relancer cette coopération. En matière de nucléaire, peu a été réalisé, notamment parce que de nombreuses conditions préalables étaient exigées en termes de réglementation et de sûreté. Les Libyens ne disposaient d'aucun arsenal juridique, et tout était à faire. Des contacts ont été pris avec l'Agence France nucléaire international, laquelle a envoyé à l'automne une mission destinée à jeter les bases d'une coopération. Mais les échanges se sont limités à des problèmes juridiques, et on n'a pas vu beaucoup de visiteurs d'Areva en Libye.
En matière de coopération militaire, la Libye était un client possible pour la vente du Rafale, mais c'est l'industriel qui gère la négociation – laquelle n'a connu aucune percée spectaculaire. Par ailleurs, deux bateaux libyens ont fait escale à Toulon en mai, l'envoi de stagiaires de ce pays dans nos écoles militaires, notamment navales, a été envisagé, mais dans ce domaine non plus, on n'a pas observé de grande avancée.
Il en est de même dans le domaine industriel, même si des contrats ont été signés, par exemple par Alstom pour la fourniture de sous-stations électriques. Tout cela est normal au regard de la relation que nous entretenions avec la Libye. Je me souviens que M. Gatignol était venu en 2008 avec RTE, et qu'un accord avait été passé avec l'entreprise d'électricité libyenne dans le cadre du projet de boucle méditerranéenne.