Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Francis Vallat

Réunion du 9 mars 2011 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Francis Vallat, président du Cluster maritime français :

Je précise tout d'abord que le chiffre de 310 000 emplois que j'ai cité est celui des emplois directs du secteur maritime, hors industries portuaires et tourisme du littoral. Il s'agit donc de gens qui vivent à 100 % de la mer – par exemple un cabinet d'avocats traitant exclusivement des questions maritimes.

Pour ce qui concerne les navires géants, cette question a déjà fait l'objet d'une réflexion, comme l'atteste un rapport sur lequel ont travaillé quarante professionnels pendant un an et demi et que vous pourrez consulter sur le site de l'Institut français de la mer. Même si elles relèvent de la bonne volonté de l'armateur, des solutions existent pour dominer le risque. On ne peut, en effet, se contenter de la situation actuelle.

Pour ce qui est des ports, la préoccupation majeure du Cluster maritime français est, après la réforme, de rebâtir leur crédibilité auprès des armateurs.

Du fait des échéances politiques, le Conseil d'orientation de la recherche et de l'innovation pour la construction et les activités navales (CORICAN), qui aurait dû être mis en place, ne l'a pas été. Son installation est en cours. Les professionnels attendent beaucoup de cet organisme de coordination, notamment une meilleure utilisation des fonds pour la recherche. Le navire du futur est l'un des points importants de son ordre du jour. La construction navale civile et militaire représente en effet en France 50 000 emplois.

La déconstruction, à propos de laquelle l'un de vos collègues a d'ailleurs mené une réflexion, peut certes relever d'une filière française pour les petits bateaux ou certains navires d'État. Mais il faut éviter, pour le reste, de ruiner la position de la France en interdisant cette activité aux pays pauvres. En respectant toutes les conditions d'hygiène et de protection de l'environnement, elle représente en effet des millions d'emplois et son coût est sept fois moindre dans ces pays que dans le nôtre. Comment pourrait-on à la fois demander au contribuable de subventionner cette filière et adopter une telle attitude vis-à-vis des pays pauvres ? La Convention de Hong-Kong, signée l'année dernière par tous les pays du monde, y compris la France, procède précisément de cette attitude réaliste.

A propos du RIF, il est ridicule que le meilleur pavillon au monde en termes de qualité et de sécurité soit classé parmi les pavillons de complaisance. Les critères qui ont conduit à ce classement, adopté par les partenaires sociaux, n'ont rien à voir avec ceux de la Fédération internationale des ouvriers du transport. Il faut souligner que le classement du pavillon français est intervenu le même jour que celui de la Corée du Nord et de la Géorgie, dont l'ITF avait démontré, au terme de deux ans de travail, qu'ils flottaient sur de véritables poubelles. Dans le cas de la France, le classement a été automatique en réponse aux critères définis à la demande des trois syndicats.

La proportion des marchandises transportées par voie de mer représente bien 90 % des trafics internationaux autres qu'intra-portuaires, et non 72 %. Je ne puis vous indiquer quelle est la part de la France dans ce volume. Elle est très importante en nombre de conteneurs et relativement faible, bien que significative, pour les autres trafics par mille parcouru et en pourcentage. Les 310 000 emplois directs que j'ai évoqués concernent bien entendu toutes ces activités. La France possède l'un des secteurs maritimes les plus importants au monde, grâce aux progrès accomplis au cours des vingt dernières années face à la compétition internationale dans tous les métiers cités.

Le port de Marseille jouit d'un emplacement idéal, qui en fait l'un des mieux placés face au danger que représente le développement du port de Tanger, même s'il est sans doute possible d'améliorer ses connexions.

En réponse à M. Priou, je tiens à souligner que la sécurité maritime s'est considérablement améliorée. Les trois paquets Erika ont eu des effets extraordinaires et nous sommes parvenus à éliminer les dégazages, ce que Mme Corinne Lepage jugeait impossible voilà quelques années.

L'OMI travaille et l'Europe sait accélérer ses travaux. Alors que je pensais jadis que je verrais triompher la complaisance avant d'avoir pris ma retraite, je suis aujourd'hui certain que la qualité finira par l'emporter.

Le projet de plateforme dédiée aux énergies marines renouvelables est engagé. L'un de vos collègues, Jérôme Bignon, est très compétent sur ce dossier : l'Agence des aires marines protégées, qu'il préside, est une illustration du bon dialogue que peuvent entretenir, contrairement à ce qu'affirment certains, les professionnels et les défenseurs de l'environnement.

Enfin, le pavillon européen, qui est un vieux rêve, n'est pas pour demain. Une convergence est en cours, mais on ne pourrait en forcer le rythme qu'au détriment de certains des combats sociaux que vous menez.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion