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Intervention de Daniel Paul

Réunion du 9 mars 2011 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Paul :

Les solutions adoptées dans le transport maritime ont souvent été marquées du sceau libéral. Or, et cela a été rappelé, cette activité a été relativement protégée pendant longtemps. Issu moi-même d'une famille de marins, j'ai le souvenir de revenus meilleurs que ceux des métiers terrestres. Que tel ne soit plus le cas aujourd'hui est sans doute une source de désaffection.

J'ai voté contre la création du RIF. Sauf élargissement du recrutement de Français au-delà du personnel officier, je répéterais ce vote aujourd'hui.

Le coût du transport maritime n'est parfois que de quelques centimes par produit. C'est vrai, la bataille se joue non pas en mer, mais sur terre. Les profits supplémentaires sont gagnés sur la part qui devrait aller aux hommes. Les conditions de travail se sont dégradées : si la sécurité des navires en France s'est beaucoup améliorée – il faut en remercier, hélas, aux catastrophes qui ont jalonné les trente dernières années du XXe siècle –, des décisions contestables ont été prises. Ainsi, au Havre, l'ouverture du remorquage à la concurrence se traduit par la disparition, qui n'était souhaitée par personne, d'une entreprise et la mise au chômage de soixante-dix salariés.

L'industrie navale est en grande difficulté. Il ne subsiste qu'un seul chantier de construction. Un grand port comme Le Havre ne peut plus offrir de réparation navale à proprement parler : nous ne disposons plus de ces stations de réparation capables de faire face aux incidents habituels que connaissent les navires.

Si chacun se félicite des progrès continus de la sécurité, l'accroissement des dimensions des navires crée des risques nouveaux. Un porte-conteneurs d'une capacité de 18 000 ou 23 000 boîtes ne se manipule pas comme un modèle de 10 000. La qualité croissante des machines et des systèmes électroniques ne permet pas forcément de conjurer tous les risques de sécurité, notamment pas ceux dus à l'accroissement du trafic dans le Pas-de-Calais.

Je rappellerai aussi pour mémoire les interrogations que peut susciter la multiplication des parcs éoliens offshore. Certains sites sont sans doute moins pertinents que d'autres.

L'efficacité d'une chaîne doit se constater jusque dans ses ultimes maillons. Or, si le Président Chirac a décrété Port 2000 d'intérêt national en 1995, ledit intérêt national s'est malheureusement arrêté aux limites du territoire portuaire : à aucun moment il n'a été pris en considération pour les liaisons terrestres. Quinze ans plus tard, nous continuons à payer les conséquences de cet oubli. Le contournement de la région parisienne n'est pas achevé ; il continue à progresser, tronçon par tronçon, au bon vouloir des contrats de projets État-régions. Pour peu qu'elle soit construite, dans quel délai la ligne à grande vitesse entre Le Havre et Paris entrera-t-elle en service ? Aujourd'hui, les trains de voyageurs et de marchandises, peu rapides, continuent à circuler sur les mêmes voies. L'autoroute n'a relié Paris au Havre – l'un des tout premiers ports de France voire le premier – qu'en 1984, après Deauville, et seulement parce que la chambre de commerce et d'industrie a financé la construction. La mise en place des liaisons structurantes relève des responsabilités publiques européenne et nationale ! Les infrastructures terrestres ne sont pas à la hauteur des équipements portuaires.

Quelles sont les mesures envisagées pour accompagner l'évolution de l'industrie française de la déconstruction des navires ? La laisser dans son état actuel est impossible à concevoir.

La création d'un pavillon européen est-elle à l'ordre du jour ?

Quel est l'état de développement des autoroutes de la mer ? J'estime qu'elles ne peuvent voir le jour sans aide financière publique au démarrage.

La croissance du transport maritime se poursuivra-t-elle au rythme actuel ? La Chine semble plus attentive désormais au développement de son marché intérieur qu'à ses exportations.

La fonte des glaces est-elle susceptible d'entraîner la réouverture du passage du Nord-Ouest ? La marine marchande y trouverait-elle un intérêt ?

Enfin, quelles sont les conséquences prévisibles de la hausse continue du prix du pétrole sur le mode de propulsion des grands navires qui vont sillonner les mers dans les prochaines années ?

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