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Intervention de Rebeca Grynspan

Réunion du 9 mars 2011 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Rebeca Grynspan, administratrice associée du programme des Nations-unies pour le développement, PNUD :

La coordination est d'autant plus importante que les Nations unies sont représentées sur le terrain par de nombreuses agences, qu'on y trouve également plusieurs milliers d'ONG et que les actions sont menées par différents ministères. Nous avons toutefois progressé en la matière. Si les choses ont été difficiles au début elles se sont beaucoup améliorées à partir de l'épidémie de choléra, au sein des Nations unies mais aussi avec les ONG. L'un des objectifs prioritaires de la commission intérimaire pour la reconstruction est de créer une plate-forme sectorielle avec le gouvernement, avec les agences des Nations unies et avec les principales ONG. Nous passons actuellement du système humanitaire organisé en petits groupes à cette coordination sectorielle dans les huit domaines qui ont été identifiés comme des priorités stratégiques par le gouvernement et par la commission intérimaire. Nous nous engageons donc dans un processus bien plus organisé.

Ma principale demande est que l'on utilise ces mécanismes pour fixer des priorités d'action et pour désigner les acteurs. Comment pourrions-nous consacrer notre temps à recevoir tous les groupes qui souhaitent rencontrer sur place l'ensemble des représentants des Nations unies et du gouvernement ? Il nous a fallu un an pour élaborer un mécanisme, mais je suis persuadée que si nous appliquons désormais cette procédure, la coordination sera bien meilleure.

Pour cela, il est très important que la commission intérimaire fasse un effort supplémentaire pour donner un rôle plus important aux Haïtiens qui siègent en son sein. Nous, représentants de la communauté internationale, disposons de personnels, de téléphones, de lieux de réunion ; les Haïtiens, eux, n'ont rien !

J'en viens aux questions relatives à l'agriculture et aux États-Unis. Lorsqu'il faut nourrir chaque jour 2 millions d'adultes et un million d'enfants, apporter la nourriture de l'étranger a bien sûr des conséquences sur l'économie locale. C'est pourquoi le Programme alimentaire mondial travaille avec nous, dans le cadre du programme « travail contre nourriture », afin d'apporter une assistance à l'agriculture locale : nous achetons autant que nous le pouvons sur les marchés locaux. Par ailleurs, la FAO fournit des semences et de l'assistance technique. J'observe d'ailleurs que la France a aidé le secteur rural et les petites exploitations, notamment en fournissant des semences.

Dès le lendemain du tremblement de terre, nous avions l'intention de travailler en direction du secteur agricole mais nous ne disposions pas des fonds pour cela, tout simplement parce que l'argent allait non pas à la reconstruction des exploitations mais à l'aide humanitaire d'urgence. Sans doute aurait-il fallu que tout commence en même temps. La question s'est d'ailleurs posée également au Pakistan : il faut, dès le début, redonner aux gens un moyen de gagner leur vie. S'ils sont sans emploi, s'ils ne peuvent pas nourrir leur famille, si l'on se contente de leur donner de la nourriture et de l'eau potable, on ne peut pas reconstruire l'avenir. Je souhaitais partager avec vous ce message important.

S'agissant de « l'impérialisme humanitaire », j'ai demandé aux ONG internationales qui souhaitent intervenir pour la première fois sur place de travailler par l'intermédiaire de celles qui sont déjà présentes en Haïti. Les grandes ONG nord et sud-américaines et européennes ont des moyens sur le terrain, MSF, par exemple, a largement contribué à contenir l'épidémie de choléra. Elles peuvent aider toutes celles qui ne disposent pas d'une telle expérience. Encore faut-il que l'objectif premier de certaines organisations ne soit pas de se faire connaître en se faisant photographier en Haïti… J'adresse à la communauté des ONG le message qu'il faut travailler ensemble et non pas tirer la couverture à soi, au risque de dupliquer certaines actions.

Haïti ne manque pas de moyens de déblaiement, que l'on peut louer sur place, mais trop peu d'équipements appartiennent en propre au gouvernement. Le problème est surtout de savoir ce que l'on fait des 10 millions de mètres cubes de gravats. Qui plus est, dans nombre de petites communautés, l'accès est impossible aux gros engins. Souvent, il faut démolir une maison à la main et concasser les gravats, ce qui nécessite toute une journée, voire deux jours et demi si elle comporte plusieurs étages.

L'UNICEF est particulièrement mobilisé sur la question des orphelinats, mais je ne dispose pas des dernières données en la matière et je vous les transmettrai ultérieurement.

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