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Intervention de Sophie Ponthieux

Réunion du 15 décembre 2010 à 14h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sophie Ponthieux :

Je suis en effet coauteur de cet article qui analyse l'écart de salaire entre les sexes.

Je tiens tout d'abord à rappeler quelques éléments de contexte : on constate, en effet, une forte stagnation des écarts de salaire entre les hommes et les femmes. Les graphiques sur l'écart des salaires moyens mensuels entre les hommes et les femmes montrent que la situation ne change pas. Ceci apparaît même si nous manquons de données - l'étude de l'INSEE sur l'emploi s'est arrêtée en 2002 et il n'y a pas de séries constituées sur les écarts de salaires mensuels dans la décennie 2000. Il existe, par contre, une série limitée au secteur privé dans les entreprises de vingt salariés, mais elle ne donne qu'une vision partielle.

En termes de salaires horaires, le ratio des salaires femmeshommes a stagné autour de 83 % pour le travail à temps complet, et de 80 % pour les autres formes d'emploi. En termes de salaires annuels nets moyens, pour les salariés à temps complet, le ratio des salaires femmeshommes a connu une très légère augmentation, passant de 81% en 2005 à 82% pour la période 2006-2008. En 2008, le ratio revenu salarial moyen femmeshommes s'établissait à 74,8 %, étant précisé que l'on entend par « revenu salarial » la somme de tous les salaires perçus sur une année, que la personne ait travaillé à temps complet, à temps partiel ou pas du tout.

Plusieurs théories ont été formulées pour expliquer cette stagnation.

La théorie du capital humain envisage tout d'abord les écarts de niveaux d'éducation. Or si l'on constate qu'il y a bien un écart entre les hommes et les femmes en matière de niveau d'éducation, cet écart est, en réalité, en faveur des femmes. Cette piste doit donc être écartée.

On peut envisager ensuite les écarts d'expérience professionnelle. Les écarts entre les hommes et les femmes en la matière sont en défaveur des femmes, car celles-ci passent plus de temps que les hommes en dehors du marché du travail. Elles assument, en effet, encore à presque 100 % la charge de s'occuper des enfants.

Cette analyse rejoint la thématique que l'on trouve dans la littérature internationale du family pay gap qui impute l'écart de salaire entre les hommes et les femmes au statut familial. Il s'agit de faire des comparaisons non plus tant entre les hommes et les femmes qu'entre les femmes qui ont des enfants et celles qui n'en ont pas. Ces études ont abouti à des résultats très divers selon les pays. La pénalité liée au fait d'avoir des enfants est très prononcée aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne, tandis qu'elle est quasi-nulle dans les pays nordiques. Il y a de fortes différences entre les ÉTATS de l'Union européenne. Il faut signaler que la France est l'un des rares pays où le fait d'avoir des enfants ne semble pas pénaliser le salaire horaire des femmes. Toutefois, il faut noter qu'il y a peu d'études sur le cas de la France où cette thématique du family pay gap est peu développée.

La France serait donc « moins pire » que d'autres pays sur ce plan : les femmes et les mères participent activement au marché du travail et l'écart de salaire entre les hommes et les femmes y est moins prononcé que dans d'autres pays, de l'ordre de 20% si l'on considère les salaires mensuels.

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