Le régime actuel a considérablement raccourci la durée des investissements, qui ne correspond pas au rythme biologique des entreprises ni à la possibilité de créer avec leurs dirigeants une relation de confiance permettant de se projeter dans le long terme. Il est donc nocif tant à la création qu'au soutien des entreprises, puisque, une fois investis, les fonds ne sont plus disponibles pour le développement. De ce fait, plus le rythme d'investissement doit être soutenu, moins on va vers la création d'entreprise et plus on se porte vers les sociétés déjà établies, dont on sait qu'on pourra sortir.
Pour autant, il n'est pas sûr qu'il faille allonger la durée de vie des fonds. Il s'agit d'un sujet difficile dont nous avons beaucoup débattu. En tant que professionnel de l'investissement, je considère que ce serait souhaitable, mais les réseaux collecteurs craignent qu'un allongement de la durée ne freine la souscription. Si le taux de défiscalisation d'un investissement dans l'innovation était élevé à 35 %, il serait plus facile de se fixer un horizon plus lointain et mieux accordé au rythme de l'entreprise, en allongeant les délais d'investissement. Pour l'heure, nous travaillons dans de mauvaises conditions. Les faibles perspectives en termes de performance se répercutent sur les souscriptions. Les sommes collectées par les FCPI connaissent d'ailleurs une baisse significative.
Actuellement, faute de capitaux disponibles, les fonds ne grossissent pas. On envisage d'ailleurs de lancer des fonds d'amorçage de quelques dizaines de millions d'euros, qui aideraient les sociétés au premier stade de leur développement. Il faut créer des relais et ménager une chaîne de financement efficace. Or le capital-risque, le capital investissement et le capital développement sont fragilisés par l'absence de capitaux. Lever un fonds de 100 millions d'euros semble aujourd'hui une performance, alors qu'il y a quelques années, 150 millions semblaient le minimum standard. C'est le manque de capitaux disponibles qui caractérise le contexte actuel plus que les difficultés que rencontreraient les investisseurs professionnels. Le secteur est certes atomisé mais, en pareil cas, ceux qui survivent sont ceux qui obtiennent les meilleures performances. Les investisseurs décident. Encore faut-il qu'ils soient libres de le faire, sans qu'une contrainte réglementaire les dissuade d'opérer tel ou tel type d'investissement.