Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, tout juste un an après les ravages de la tempête Xynthia, notre assemblée est amenée à débattre des propositions de la mission d'information dont notre collègue Maxime Bono est le président et Jean-Louis Léonard le rapporteur.
À ce moment de mon discours, j'ai une pensée très forte pour toutes les familles des victimes de cette terrible catastrophe naturelle. Je n'oublie pas non plus les milliers de personnes sinistrées qui ont dû combattre la rigidité de l'administration afin de faire valoir leurs droits à indemnisation.
Mes chers collègues, je ne voudrais pas que l'on puisse assimiler mes propos à une quelconque propension au catastrophisme. N'oublions pas qu'outre-mer les territoires contraints et à risques multiples sur lesquels nous vivons sont soumis à intervalles réguliers à la survenue d'occurrences de plus en plus dévastatrices : tempêtes, cyclones, séismes, houles de tempête, tsunamis, éruptions volcaniques. En 1995, ce furent Luis et Marylin ; en 1999, Lenny ; en 2004, Jeanne ; en janvier 2011, à une période inhabituelle de l'année, des inondations faisant cinq morts dans la seule commune des Abymes.
Comme mon département a subi de nombreux aléas, ses habitants ont développé une culture du risque, laquelle nous a conduits à développer une culture de prévention autour de techniques d'alerte destinées à canaliser la puissance des éléments déchaînés.
Les pouvoirs publics et la population ont parfaitement intégré le risque dans leurs activités quotidiennes puisque depuis la survenue de ces catastrophes les normes antisismiques ou anticycloniques ont été appliquées à la construction des nouveaux édifices.
Compte tenu des avancées technologiques et du caractère prévisible des intempéries, plus jamais notre pays ne devrait compter autant de victimes.
Ma grande expérience dans la gestion de ce type de situations me conduit à présenter trois axes majeurs de mesures qu'il me semble nécessaire de mettre en oeuvre très rapidement.
Il importe tout d'abord de développer des dispositifs visant à sensibiliser et à informer la population.
Il s'agit ensuite de structurer les retours d'expériences afin de développer une vraie culture du risque. Il me paraît également important d'établir des instruments permettant d'inscrire et de maintenir la survenance de l'aléa dans la mémoire. La population oublie très vite, parfois cinq ans suffisent.
Enfin, il est nécessaire de développer des systèmes d'alerte physiques comme les limnimètres, des systèmes d'avertissement et d'alerte aux risques de submersion.
Mes chers collègues, sachez que j'approuve les conclusions de la mission et les propositions très sérieuses et pertinentes formulées par ses membres. Cependant, les modalités de financement des digues demeurent vagues au regard des importants besoins de financement recensés. S'il est vrai qu'il apparaît nécessaire de penser à la gestion et à l'entretien des digues, il n'en demeure pas moins qu'il y en reste beaucoup à reconstruire ou tout simplement à construire.
L'un de nos collègues venu en Guadeloupe pendant les vacances de Noël a pu constater lorsqu'il est passé me saluer les dégâts provoqués par une grosse vague qui a coupé la circulation pendant une bonne heure sur la route nationale. Ce genre d'aléa, nous en faisons l'expérience assez souvent.
Monsieur le secrétaire d'État, j'espère que vous pourrez faire part à votre collègue de l'urgence d'inscrire la commune de Deshaies et les communes de la Côte-sous-le-vent, régulièrement exposées à la houle, dans la liste des communes nécessitant l'installation de dispositifs de protection.
Concernant la généralisation de l'utilisation des nouvelles technologies, je signale que nous avons en Guadeloupe un système d'alerte simple qui fonctionne très bien : les informations parviennent aux mairies en temps réel soit par fax, soit par SMS.
Ensuite s'agissant de la proposition 12, conformément à la transposition dans le droit français de la directive européenne inondations, il faudrait que l'État aille plus en profondeur dans l'analyse de la cartographie de ces territoires contraints par leur taille. Les PPR doivent être plus détaillés et se fonder sur les parcelles et non sur les blocs, au sein desquels il existe très souvent des zones qui ne sont pas concernées par les inondations.
J'appelle de mes voeux une vraie réflexion autour des dispositifs d'alerte, de prévention, d'organisation des secours, de réparation, d'indemnisation visant à intégrer le risque dans nos politiques publiques, à tous les niveaux, qu'il s'agisse de l'État, des collectivités territoriales ou des collectivités locales.