J'ai longtemps pensé qu'un médicament était un produit dont l'utilité avait été évaluée et prouvée avant qu'il ne soit mis sur le marché, et que tous les médicaments étaient utiles. Quelle naïveté ! Il a été un jour décidé que tous n'avaient pas la même valeur et qu'ils seraient remboursés différemment en fonction du service qu'ils rendaient – cette décision a certes été motivée pour des raisons davantage financières que médicales, je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que c'est un gouvernement de gauche qui l'a prise et que je ne l'ai pas soutenue. Pour moi, un médicament sans utilité ne devrait pas être commercialisé. Je ne comprends pas la notion de « médicament de confort » et je pense que si cette catégorie n'existait pas, bien des problèmes seraient réglés.
Comment le profane comme moi pourrait-il s'y retrouver parmi la multitude des agences sanitaires ? Il faudrait connaître le rôle exact de chacune. Leur langage aussi devrait être compréhensible par tous. Quoi qu'il en soit, si quantité rimait avec efficacité, jamais un drame comme celui du Mediator n'aurait dû arriver.
Dès lors que ce sont les laboratoires eux-mêmes qui financent les études sur tel ou tel de leur médicament et en présentent les résultats, comment s'étonner de ce qui est arrivé ? Il fallait écouler du Mediator comme il avait fallu, dans le domaine industriel, écouler de l'amiante – peu importe les catastrophes sanitaires qui s'ensuivraient ! Au lieu qu'un doute sur la dangerosité d'un produit n'amène à le retirer du marché, au contraire, ce doute lui profite et permet qu'il continue à être diffusé. On a inversé le principe de précaution.
Enfin, ne serait-il pas grand temps que l'évaluation des médicaments soit indépendante des laboratoires pharmaceutiques ? Cette indépendance est indispensable si on ne veut plus, comme cela vient d'être fait, que soit un jour jetée en pâture à l'opinion, qui s'en alarme, une liste de 77 médicaments dits « sous surveillance » et que se reproduise un scandale comme celui du Mediator, que je tiens pour un crime contre l'humanité – puisqu'il y a eu mort d'hommes.