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Intervention de Jean-Marie Le Guen

Réunion du 17 février 2011 à 15h00
Étiquetage nutritionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Le Guen :

Mais lorsque nous proposons d'en passer par le second vecteur de la régulation, le développement de l'information du consommateur, donc le choix du consommateur, vous vous y refusez également.

Votre gouvernement se livre donc à un tour de passe-passe permanent. Nous avons entendu les propos tenus, du reste assez discrètement, par le Président de la République ou par les ministres de la santé chargés du problème de l'obésité. Mais votre gouvernement se distingue par le fait que, depuis cinq ans – je dis bien cinq ans, puisque auparavant, sous une majorité de droite, des choses avaient été faites, par le Parlement, certes, notamment par la loi de santé publique de 2004 –, depuis cinq ans, donc, il n'y a eu aucune avancée en matière de prévention et de lutte contre l'obésité.

On parle, on annonce des plans, mais rien n'a été fait pour prévenir l'obésité. Certes, on a oeuvré en faveur de sa prise en charge – des soins aux personnes obèses, de la recherche. Mais, je le répète, en matière de prévention, rien n'a été fait sous le mandat de M. Sarkozy.

Soyons très clairs : sur toutes les questions de santé publique sans exception – l'alcool, le tabac, les questions touchant à la santé environnementale et singulièrement à l'alimentation –, les arbitrages rendus par cette majorité ont été négatifs.

Parlons par exemple de l'interdiction de la publicité pour les produits alimentaires dans les programmes télévisés destinés aux enfants. La profession s'est presque unanimement engagée ; mais votre gouvernement refuse de s'aligner sur cette majorité de professionnels, qui va pourtant dans le bon sens, en interdisant ces publicités.

Votre opposition à la proposition de loi de notre collègue Touraine n'est donc pas isolée : elle fait partie d'un contexte, voire d'une pensée politique, selon laquelle les questions de santé sont secondaires au regard des questions économiques et industrielles. C'est ce qui a été dit en commission et répété par plusieurs collègues ici même.

Or c'est une double erreur. C'est d'abord une erreur de santé publique manifeste. Comment ne pas établir ici un parallèle, toutes choses égales par ailleurs, avec la crise sanitaire que connaît notre pays depuis quelques mois ? Là encore, n'a-t-on pas fait l'erreur de privilégier l'argument économique par rapport à l'argument sanitaire ? Ne sommes-nous pas en train de reprendre le même discours, qui amènera les mêmes conséquences ? Ces conséquences, c'est un échec que retiendra l'histoire de la santé publique dans notre pays lorsqu'il s'agira de dire ce qui a été fait et ce qui ne l'a pas été, notamment au cours de cette législature, qui a systématiquement choisi les intérêts industriels.

On dira alors aussi ce que cela aura coûté à l'industrie agro-alimentaire française. Car celle-ci, mes chers collègues, n'occupe pas la même place que les autres dans l'industrie agro-alimentaire mondiale : étant donné l'aura de notre gastronomie – que vous vous plaisez à célébrer, monsieur le secrétaire d'État –, elle est un symbole de qualité. Et nous ne serions pas capables de comprendre que le consommateur mondial, comme le consommateur français, veut de la qualité et que celle-ci repose d'abord sur la sécurité sanitaire, par la garantie du respect de la santé publique ?

Les plus grands groupes agro-alimentaires investissent en termes de marketing dans ces thèmes de la sécurité sanitaire et de la santé publique. Mais vous, par faiblesse, vous n'êtes pas capables de dire à nos industriels que l'issue, pour leur industrie, consiste à améliorer la qualité et donc la santé publique.

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