Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, on est ce que l'on mange : l'adage traditionnel allemand vaut aussi en France.
Cette réalité profonde qui lie l'environnement de l'individu, sa personne, sa santé et, au-delà, son environnement culturel, nous l'avons tous mise entre parenthèses à un moment où nous croyions que la seule logique du marché, de l'industrie, d'une agriculture dynamique, nous dispensait – quelques règles minimales mises à part – de nous intéresser au contenu ou au futur contenu de nos propres assiettes et de celles des membres de la société.
Puis l'évolution des politiques de santé, comme l'épidémiologie, a révélé une multiplicité d'événements gravissimes dans le domaine de la santé publique. Mes collègues ont rappelé avant moi les effets de l'épidémie d'obésité, à propos de laquelle on cite volontiers des chiffres, mais dont on ne mesure pas les conséquences sur notre système de santé à court, moyen et long terme.
Notre modèle n'est pas différent des États-Unis ; nous avons simplement dix ans de retard sur eux. Aujourd'hui, la prévalence de l'obésité en France est de 14 ou 15 %, contre 66 % aux États-Unis. On croirait deux mondes différents. Mais, outre que le premier taux est déjà considérable, la pente suivie par notre épidémie est parallèle à celle de l'épidémie américaine. Cela entraînera de très graves conséquences médicales et sanitaires.
Au-delà de l'obésité, on peut évoquer, à propos de la consommation de sel, le problème de l'hypertension artérielle ou, à propos des pesticides, celui de l'environnement cancérigène. On a déjà rappelé tout cela afin de montrer que l'on ne peut attendre du seul marché qu'il garantisse la qualité de notre alimentation et la santé de notre population.
C'est là la première de vos contradictions, monsieur le secrétaire d'État. Si le marché n'y suffit pas, il faut bien intervenir par le biais de la régulation.