Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la proposition de loi de nos collègues du groupe SRC vise à rendre l'étiquetage nutritionnel obligatoire et à renforcer la lutte contre l'obésité. L'objectif est tout à fait louable car notre pays est confronté à un problème de surpoids, véritable question de santé publique. Au-delà des désagréments physiques et psychologiques, cette situation entraîne en effet de graves conséquences, notamment en termes de maladies cardiovasculaires, diabète, cholestérol ou hypertension.
La proposition de loi va bien sûr dans le bon sens, puisqu'elle repose sur une meilleure information et éducation. Elle s'inscrit dans le même esprit que les différentes campagnes de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, comme « Manger cinq fruits et légumes par jour » ou « Pour votre santé, éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». Ces campagnes sont utiles, certes, mais reconnaissons que leurs effets restent limités car une plus grande information n'a guère freiné la courbe de l'obésité. Les causes sont à vrai dire plus profondes. Si le texte va dans le bon sens, il ne s'attaque pas pour autant aux racines du mal.
À cet égard, monsieur le rapporteur, je ne partage pas vraiment l'argument selon lequel l'obligation d'étiquetage pousserait les industriels de l'agro-alimentaire à mieux produire. Il conviendrait plutôt, selon nous, de leur imposer des normes de production plus drastiques.
Les causes profondes de l'obésité résident en fait avant tout dans le caractère sédentaire de nos modes de vie et le développement de ce qu'il convient d'appeler la malbouffe. Lorsqu'il fait ses courses, le consommateur regarde d'abord le prix avant même de s'intéresser, le cas échéant, aux apports nutritionnels du produit. Pouvoir d'achat et qualité de l'alimentation sont indéniablement liés. Une récente étude de l'Institut de veille sanitaire, qui date de mai 2009, montre clairement que les enfants de milieux défavorisés consomment moins de fruits et de légumes que les autres. Une étude de l'INSEE confirme, elle, que les phénomènes d'obésité infantile sont dramatiquement plus développés dans les classes populaires. Plus le pouvoir d'achat des familles est faible, plus celles-ci s'orientent vers des produits au lourd potentiel énergétique par peur de manque de ressources et par impossibilité financière de varier les plats d'un même repas. C'est là le coeur du débat, mais il n'est pas abordé par la proposition de loi.
Vous l'aurez compris, chers collègues, cette proposition de loi ne recueille de notre part ni enthousiasme excessif, car elle est beaucoup trop limitée, ni désapprobation car elle représente néanmoins un progrès. C'est la raison pour laquelle les députés communistes, républicains, citoyens et du parti du gauche la voteront. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)