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Intervention de Jean-Louis Touraine

Réunion du 17 février 2011 à 15h00
Étiquetage nutritionnel — Discussion d'une proposition de loi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Touraine, rapporteur :

…drames effroyables du Distilbène et du Médiator, inefficacité dans la prévention des conséquences cancéreuses et cardiovasculaires du tabagisme.

Nous avons aujourd'hui l'occasion d'éviter un drame de santé publique à venir : celui de l'obésité et des pathologies qui lui sont associées, notamment le diabète, le cancer et les maladies cardio-pulmonaires. Deux des facteurs majeurs en cause sont les désordres nutritionnels et l'insuffisance d'exercice physique.

Comme vous le savez probablement, chez l'être humain, on mesure l'adéquation du poids à la taille grâce à un indicespécifique, l'indice de masse corporelle, égal au rapport entre le poids et la taille au carré. Aujourd'hui, on considère que l'IMC d'un être humain normal est compris entre 18,5 et 25.

Or les données les plus récentes établissent que 32 % de nos compatriotes sont actuellement en situation de surpoids et que 14,5 % supplémentaires sont considérés comme obèses. Au total, 46,5 % de nos concitoyens ont unexcès pondéral ! Avant la fin de la décennie, plus de la moitié des Français seront en situation de surpoids, tant se propage rapidement cette épidémie d'obésité et de diabète.

Cette situation est le fruit d'une tendance de long terme : la hausse du nombre de personnes concernées est de 13,1 % par rapport aux résultats des études précédemment menées en 2006.

La mauvaise alimentation, avec une prépondérance d'aliments gras, sucrés et salés en est évidemment la cause principale. Ainsi, une étude datant de 2007 a mis en évidence le fait qu'en France, près de 47 % des adultes et 23 % des enfants ont des apports journaliers en sel dépassant les huit grammes par jour alors que les besoins quotidiens sont compris entre un et deux grammes. Ajoutons à cela que la consommation excessive de selaccroît la sensation de faim : un cercle vicieux s'enclenche.

Si la France est victime de cette évolution, elle est, bien sûr, loin d'être la seule. Un grand quotidien du soir rappelait récemment qu'au niveau mondial, un humain sur dix est obèse. Cette fréquence est plus grande encore dans certains pays développés, surtout dans les quartierspopulaires des très grandes villes. Le même quotidien rapportait, il y a deux ou trois semaines, que l'espérance de vie était en nette diminution aux États-Unis, en grande partie à cause du surpoids et de l'obésité. Je pourrais multiplier les exemples des effets néfastes sur la santé humaine de cette épidémie d'obésité et de diabète.

Vous l'avez bien compris, mes chers collègues, l'obésité et le surpoids constituent aujourd'hui un problème de santé publique, dont les conséquences ne sont pas mineures.

Dans une société qui glorifie et affiche partout la beauté du corps, l'obésité est naturellement très mal vécue par ceux qui en souffrent, et qui subissent souvent des regards blessants ou condescendants. Et je ne parle pas des initiatives véritablement révoltantes de certaines entreprises. Ainsi, il y a quelques mois, Air France voulait faire payer davantage les personnes obèses voyageant sur ses lignes au motif qu'elles occupent une largeur supérieure à celle d'un seul siège d'avion.

En outre, et même si c'est la santé des personnes qui doit nous occuper en premier lieu, il faut considérer le coût du surpoids et de l'obésité dans notre pays – le coût en vies humaines, mais aussi le coût financier, qui est évalué à environ 10 milliards d'euros par an.

Nous nous accordons tous, je crois, sur ce constat. Il nous faut donc agir. C'est d'ailleurs ce que préconisait le Président de la République lorsqu'il a lancé, en mai dernier, le plan triennal de lutte contre l'obésité pour les années 2010-2013 ; c'est également ce sur quoi M. le ministre de la santé insistait lors de ses voeux le 11 janvier dernier : « la lutte contre l'obésité », disait-il, « est plus que jamais une priorité de notre politique de santé publique ».

Or, les études le montrent bien, la lutte contre le surpoids et l'obésité ne peut être efficace qu'en empruntant plusieurs canaux.L'amélioration du dépistage en est un, dont l'efficacité s'est avérée dans tous les pays qui ont choisi cette voie ; cela n'exclut pas la pédagogie, la promotion de l'activité physique ou encore l'amélioration de l'accessibilité aux produits non transformés.

Mais il ne faut pas oublier un élément déterminant : l'information du consommateur et, pour être encore plus précis, l'étiquetage nutritionnel. C'est d'ailleurs ce que vous avez vous-même préconisé, monsieur le secrétaire d'État, en lançant, le 19 janvier dernier, un plan d'action pour une consommation alimentaire de qualité. Le quatrième point de ce plan dit très explicitement qu'il convient d'« améliorer la loyauté de l'étiquetage des produits alimentaires ». Sur ce point, monsieur le secrétaire d'État, nous nous retrouvons.

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