…ce n'est certainement pas – je veux le dire très clairement – pour une raison de coût puisque, ainsi que je l'ai évoqué, la revalorisation de l'AAH de 25 % en quatre ans mobilisera 2,3 milliards d'euros sur cinq ans. Cet argument ne tient pas.
En revanche, il me semble important que nous continuions à débattre de la nature de l'AAH. Même si elle relève des minima sociaux, il est intéressant de l'envisager sous l'angle de la compensation dans l'ordre des ressources, ce qui est beaucoup plus conforme à l'esprit de la loi du 11 février que vous avez par ailleurs invoqué.
Mme Pinville a évoqué le taux de chômage des personnes handicapées. Il est vrai qu'il est particulièrement élevé : approximativement le double de celui de nos compatriotes ordinaires. À 19,3 %, on ne peut pas dire que le résultat soit très satisfaisant.
Or je souhaite vous communiquer un autre chiffre. Parmi ces 19,3 % de chômeurs handicapés, 21 % ont un niveau de formation supérieur au baccalauréat, contre 41 % pour nos compatriotes ordinaires. Ce simple chiffre, rapporté au taux d'emploi des travailleurs handicapés diplômés, doit nous faire réfléchir.
Nous sommes encore dans une phase transitoire. C'est la raison pour laquelle la scolarisation de l'enfant handicapé est tellement importante. Aujourd'hui, nous devons constater que nos compatriotes handicapés ont un niveau de formation initiale sensiblement inférieur à celui de nos compatriotes ordinaires. C'est la raison de la complexité de leur insertion professionnelle.
C'est pourquoi la question de la formation professionnelle continue des personnes handicapées est un enjeu tellement important, à côté de celui de la formation initiale : le taux de passage de l'école élémentaire au collège est lui aussi nettement inférieur pour les enfants handicapés.
Mesdames et messieurs les députés, vous avez souhaité que nous débattions ensemble de la politique du handicap. Je veux vous remercier pour vos interventions et pour les questions que vous avez posées au Gouvernement. Celui-ci est totalement mobilisé, dans l'esprit de la loi du 11 février 2005, comme je sais que vous l'êtes. Bien sûr, il faut évaluer, bien sûr, il faut sans cesse remettre en question les résultats obtenus, même s'ils sont encourageants. C'est une route longue et difficile, mais je souhaite insister, en conclusion de mon propos, sur un axe indispensable de cette politique : la volonté d'inclusion sociale, la participation, l'esprit du droit commun.
Après le « changer le regard », dont nous avons beaucoup parlé lors des débats sur la loi du 11 février 2005, est venu le temps de la revendication et de l'obtention du droit à la pleine participation. Cela passe par un effort public soutenu mais aussi par la remise en question de nos pratiques individuelles. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)