Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean Leonetti

Réunion du 10 février 2011 à 9h30
Bioéthique — Article 5 septies, amendement 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Leonetti, rapporteur de la commission spéciale :

Il fallait probablement purger ce débat.

Philippe Gosselin avoue son interrogation sur le sujet et propose de supprimer une disposition que votre rapporteur a introduite dans le texte. Cela laisse penser qu'il y aurait obligatoirement un clivage et que je me trouverais du côté gauche de l'hémicycle par le hasard de la conjoncture de ce texte.

Je le dis à Hervé Mariton et à Noël Mamère, je ne pense pas une seconde qu'il y ait, d'un côté le camp des bleus et de l'autre celui des rouges. Je ne l'accepte pas, d'abord parce que j'ai beaucoup douté, exploré différents champs. Je suis suffisamment revenu, comme le Gouvernement, sur des positions, ce qui montre qu'il n'y a pas une vision d'un côté et une autre diamétralement opposée.

Quand j'avais vingt ans, un certain nombre de trotskistes disaient que tout était politique : la façon de s'habiller, de parler, etc. Si la politique, c'est essayer de penser, d'incarner une philosophie et des convictions dans des actes, alors oui tout est politique. Pour autant, je continue à penser que tout est nuance, que tout est complexité et je ne voudrais pas que l'on caricature un débat en disant qu'il y a, d'un côté, les anciens, et, de l'autre, les modernes, d'un côté, les conservateurs et, de l'autre, les libertaires, d'un côté, les catholiques et, de l'autre, les laïques. Non, je n'accepte pas que ce débat tourne autour de l'idée qu'il y aurait une pensée unique à droite et une pensée unique à gauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

À la suite des échanges que j'ai pu avoir avec Michel Vaxès, Gaëtan Gorce ou Alain Claeys, les lignes ont pu bouger. Nous avons tous pour objectif ici le bien commun. On voit bien que parfois notre culture ou nos convictions profondes peuvent s'effacer, être ébranlées, se briser, se fissurer devant l'argumentaire de l'autre, au nom de l'intérêt général.

Dans ce débat, il y a bien sûr tout un enchevêtrement de choses qui bousculent nos idées de la famille, du rapport humain, qui remettent en perspective l'interrogation éternelle que nous avons sur ce qu'est l'homme. Et qui pourrait nier qu'on ne peut pas faire un homme sans le matériel génétique nécessaire à faire au moins l'espèce humaine ? Et qui pourrait nier que cette espèce humaine venant au monde a besoin de s'enrichir de l'amour et du savoir des autres pour créer une personne humaine ?

Tout à l'heure, je me suis abstenu sur le vote d'un amendement de Mme Greff qui a été adopté. Oui, je continue à avoir des hésitations, et je remercie Philippe Gosselin d'en avoir, comme l'ensemble des députés ici présents qui peuvent changer d'avis et être influencés par les convictions des autres.

Non, il n'y a pas le bien contre le mal, les spirituels contre les matérialistes, d'un côté des gens progressistes qui veulent le bien de l'humanité et de l'autre une morale qui réprimerait et empêcherait l'avancée de la science.

Nous devons avoir cette réflexion à la fois grave, modeste et humble qui consiste à dire que nous avançons. Notre discussion ne doit pas être un clivage perpétuel. Elle doit permettre, au contraire, que nos points de vue convergent. Je suis persuadé qu'il y a plus, dans cet hémicycle, de points communs que de divergences.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion