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Intervention de Christian Vanneste

Réunion du 10 février 2011 à 9h30
Bioéthique — Article 5 septies, amendement 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Vanneste :

Ce qui a été choquant dans la manière de l'aborder, c'est le soupçon que l'on fait peser sur nous en affirmant que nous défendons les idées de l'église catholique sans le dire. C'est là réduire une pensée bien plus large, qui pourrait se rattacher à de nombreuses philosophies plus ou moins directement liées à l'église. On peut fort bien se réclamer du personnalisme et considérer que les différentes positions exprimées s'y rattachent. Moi-même, j'ai cité Kant, qui, vous le savez, n'était pas particulièrement catholique puisqu'il était protestant.

Ce n'est pas à ce niveau qu'il faut situer le problème mais à un niveau purement philosophique, sans faire allusion à telle ou telle religion.

Dire que nous avons tendance à nous référer uniquement au biologique est un total contresens. La véritable opposition est celle qu'a évoquée M. Gosselin. Il a employé les termes de « qualitatif » et « quantitatif » qui ne me semblent pas appropriés, je parlerai plutôt du tout et de la partie. Nous considérons que les gamètes contribuent à la création d'un tout, c'est-à-dire d'une personne, alors que les organes ne sont qu'une partie matérielle du corps. C'est l'opposition entre la personne, qui est aussi être spirituel, et le corps, ensemble organique voire mécanique.

Pour nous, les deux questions ne se situent pas sur le même plan. Cela renvoie à une opposition entre une conception spiritualiste et une conception matérialiste, qui dépasse le cadre étroit des religions.

Monsieur Vaxès, vous faisiez allusion tout à l'heure à Victor de l'Aveyron, qui est tout de même sujet à caution. Le livre de Malson repose sur un cas unique, dont on peut d'ailleurs se demander s'il ne comportait pas un arrière-plan psychiatrique. Je n'insisterai pas sur ce point mais l'exemple cela est discutable.

Cela dit, loin de nous l'idée d'affirmer qu'une personne n'est faite que de son code génétique. Nous pensons au contraire que ce sont les relations humaines qui créent la personne. À cet égard, lorsque Hervé Mariton rappelait l'importance de la famille, il faisait allusion à la structuration multiple d'une personne à travers une institution sociale et au fait qu'un être n'est pas un individu mais une personne pénétrée de part en part pour toutes ces relations. De fait, nous avons tendance à donner davantage d'importance aux relations qui sont plus pérennes dans le cadre d'une institution qu'aux sentiments, qui peuvent être fugaces.

Voilà notre position. Elle est différente de la vôtre, ce qui est légitime, mais elle est très cohérente et ne peut être réduite à la pensée d'une église ou d'une religion.

En ce qui me concerne, j'ai cosigné l'amendement dont nous discutons. Mais, personnellement, je ne suis nullement opposé à ce qu'il y ait une information sur le don de gamètes. Simplement, en raison de ma philosophie, j'estime que l'on ne doit pas informer de la même manière sur le don de gamètes et sur le don des organes, car ils ne se situent pas sur le même plan. J'estime qu'une différence doit être établie et si j'ai cosigné cet amendement, c'est justement pour cette raison. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

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