Hier, on nous disait vouloir favoriser les transplantations ; aujourd'hui, on veut opposer les prélèvements sur le donneur vivant à ceux effectués sur le donneur cadavérique.
Il n'y a bien évidemment qu'une seule solution pour favoriser les transplantations : il faut que les donneurs vivants s'ajoutent aux donneurs cadavériques. Il y aura toujours en France davantage de transplantations à partir de dons cadavériques mais, aujourd'hui, en termes de donneurs vivants, nous restons tout de même extrêmement loin des chiffres enregistrés dans les pays européens ou aux États-Unis, qui se situent entre 25 et 50 %, puisque. nous n'avons jamais atteint 10 % – je n'évoque même pas les pays qui enregistrent un taux de 80 ou 90 %. Notre déficit est considérable car, depuis quelques années, toute la charge de la transplantation a été transférée aux donneurs cadavériques. Il faut que nous rattrapions ce retard, et nous ne devons pas nous contenter d'affirmer que nous le ferons l'an prochain ou dans deux ou trois ans. Il y a urgence.
La loi était originellement très restrictive en limitant le cercle des donneurs vivants potentiels à un cercle familial étroit parce que, il y a vingt ans, on craignait les trafics d'organes. Depuis, les textes encadrent totalement ces pratiques : ils rendent de tels trafics impossibles. Il n'y en a d'ailleurs pas eu dans notre pays ; les seuls que l'on ait à connaître concernent l'étranger.
Il arrive malheureusement que des malades français subissent des greffes dans d'autres pays à partir de dons d'organes rémunérés, mais cela ne se produit jamais sur notre territoire. En la matière, les peines prévues sont si lourdes, et l'arsenal répressif est si drastique, tant à l'égard des patients que des équipes médicales qui s'adonneraient à de telles pratiques, que nous n'avons aucune inquiétude à avoir.
Sur le plan philosophique, je ne vois pas de différence entre une personne qui aurait des liens affectifs durables et étroits avec le receveur et un cousin éloigné, ou encore un inconnu avec qui s'organiserait un don croisé. J'estime même qu'il y a davantage de probabilité qu'une compensation intervienne au sein d'une même famille : si un cousin vous donne un rein, il y a des chances que vous ayez envie de lui offrir un cadeau pour le sacrifice consenti – ce qui a sans doute moins de chance de se produire si le donneur entretient avec le receveur un véritable lien affectif étroit et stable. En revanche, dans ce dernier cas, il est vrai que le donneur subit une certaine pression. De même, d'une façon naturelle, nous souhaitons aider nos proches qui affrontent une maladie grave comme un cancer ; cette pression psychologique existe, inévitable, elle est noble, humaine et respectable ; elle n'a rien à voir avec des pressions financières.
Afin que nous trouvions tous ensemble une solution, mon groupe se rallie à l'amendement de Mme Greff.
(L'amendement n° 179 est retiré.)