Je ne suis pas à cent millions près… (rires)
Plus d'un milliard vivent encore au Moyen Âge ! Et la situation est identique en Inde. Bien sûr, Shanghai peut être comparée à New-York, à Paris ou à Berlin, mais comment va se développer tout le reste du pays et quelle stratégie mondiale va-t-il falloir élaborer ? Pour avoir participé à des réunions de l'OMC et du FMI, je trouve que tout cela manque cruellement de politique : on assiste en fait à la rencontre de quelques technocrates, entourés par 80 000 insurgés qui vocifèrent, sous la surveillance d'avions de chasse américains… (sourires)
Puisque nous nous plaçons du point de vue de l'analyse stratégique et que la France a un supplément d'âme, il lui incombe de proposer la création de structures à finalité humaine, où siègeraient véritablement des politiques pour y faire de la politique.
Pour en revenir à la France, les voies de communications y sont bien sûr une nécessité absolue. Le problème, c'est que l'on n'a pas un « fifrelin » pour entretenir ce qui existe et pour développer ce qui devrait l'être. On a beaucoup construit d'autoroutes et de lignes à grande vitesse, mais on s'est peu préoccupé du réseau secondaire, qui irrigue pourtant l'ensemble des territoires. Comme l'a dit notre président, tout est question d'acceptabilité. Là où, jadis, on se heurtait à deux ou trois opposants que l'on ralliait sans trop de difficultés au projet, aujourd'hui on doit faire face à des dizaines de milliers de citoyens, attachés à leurs maisons, leurs collines, leurs vallons, leurs panoramas et les choses sont beaucoup plus compliquées. Avec tout le « bazar » que font, avec l'argent quelquefois le plus sale de la planète, ces « furieux » de protecteurs de la nature, on a réussi à inculquer aujourd'hui aux Français l'idée que tout ce qui a trait aux voies de communication est mauvais. Je le sais bien puisque je fais partie de la Commission nationale du débat public : dès qu'on lance un projet, deux clans irréconciliables s'affrontent. Il va donc falloir trouver de l'ingénierie d'anticipation, de l'ingénierie politique pour démontrer l'utilité des projets et pour les mener à bien. Qui plus est, comme l'a dit aussi notre président, beaucoup d'infrastructures existantes pourraient être bien mieux utilisées qu'elles ne le sont, ce qui serait bien plus facile que d'en construire de nouvelles.
Un mot du financement : nous n'avons ni les structures ni l'argent nécessaires. Il faut que nous retrouvions des marges de manoeuvre. La France ne peut pas rester dans l'état dans lequel elle se trouve : comme aurait dit le général De Gaulle, elle « s'emmerde », or, quand elle « s'emmerde », un jour ou l'autre, elle fait une bêtise.
Le CAS a des idées formidables à propos des nouvelles énergies. Mais concrètement, les choses sont bien difficiles ! On m'a dit qu'il fallait faire de l'énergie renouvelable, j'ai donc voulu faire des microcentrales, mais j'ai dû renoncer au projet à cause d'une ou deux espèces de poissons ; j'ai voulu implanter des panneaux solaires de très bonne qualité sur un bâtiment destiné à accueillir des personnes handicapées, mais l'architecte des Bâtiments de France a refusé parce que nous étions à 200 mètres d'un site classé ; j'ai alors voulu construire en bois, mais le commissaire à l'aménagement des Pyrénées a refusé au motif que cela contribuerait à la déforestation ! (sourires)
Est-ce ainsi que l'on parviendra à 25 % d'énergies renouvelables ?
Enfin, je suis persuadé que le déséquilibre qui s'instaure entre les territoires est mauvais : on ne vit plus en ville, on ne vit plus dans les campagnes, on va tous vivre en banlieue !