Il est très juste de dire que l'on a besoin d'une vision globale, mais cela amène de ma part deux réflexions un peu pessimistes.
Cela tient en premier lieu à l'idée que, projeté au niveau mondial, même un modèle de transition économique dit « durable » n'est pas viable, dès lors que l'on prend en considération l'effet démographique de masse. Partagez-vous ce sentiment ?
À l'échelle nationale je suis ensuite frappé par le fait que nous sommes engagés dans une transition économique et sociale qui nécessite un investissement global très onéreux – qu'il s'agisse des transports, de l'énergie, du renouvellement du parc nucléaire ou du projet Grand Paris. Sans doute serait-il utile que le Centre d'analyse stratégique nous aide à faire le total de ces investissements, que l'on pourrait ainsi mettre en rapport avec la ressource nationale disponible pendant la période correspondante. Ce qui me rend pessimiste, c'est que j'ai l'impression que les ordres de grandeur ne sont pas comparables, et dans ce cas, comment procéder ? Il faut bien évidemment optimiser les investissements – et proposer des modèles pour cela –, mais aussi fixer des priorités. Si l'on ne peut pas financer la totalité du projet du Grand Paris, pour justifié qu'il soit, il va bien falloir opérer des choix ! Si l'on ne peut pas construire des lignes à grande vitesse partout, ne vaut-il pas mieux utiliser le réseau ferré existant et prévoir des raccordements pour ces lignes ? En fait, j'ai l'impression que, pour chacun des thèmes qui nous intéressent, il existe une sous optimisation et que c'est la somme des sous optimisations qui donne le véritable optimum…