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Intervention de Vincent Chriqui

Réunion du 9 février 2011 à 10h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Vincent Chriqui, directeur général du Centre d'analyse stratégique, CAS :

Pas seulement ! On s'est en effet aperçu qu'il n'y avait pas de sens à n'appliquer cette nouvelle contrainte qu'aux pays développés quand on voit ce que représentent aujourd'hui la Chine, l'Inde et quelques autres. Qui plus est, un certain nombre d'États n'étaient plus disposés à entrer dans la logique précédente. On peut le déplorer, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il ne se passe plus rien aujourd'hui en la matière : même des pays comme la Chine engagent des politiques parfois très ambitieuses et, si les États-Unis ont du mal à mener une politique fédérale, des efforts importants sont faits dans certaines industries et on voit le rôle que jouent les quotas de carbone ainsi que les innovations en matière de transports. Je pense qu'il faut garder comme ambition de parvenir à un cadre général qui puisse se décliner dans les différents États mais, dans cette attente, il faut aller plus loin dans le cadre de Cancun tout en montrant que la somme des engagements des différents pays ne suffit pas à limiter à deux degrés le réchauffement climatique à l'horizon 2050, ce qui est l'objectif que nous nous sommes fixé ensemble.

Le fret ferroviaire est un sujet passionnant qui est à notre programme de travail de cette année et vous aurez donc ultérieurement les réponses que vous appelez de vos voeux. L'enjeu me paraît davantage européen que français.

Le réseau électrique du futur est aussi un sujet d'actualité. Nous travaillons à un rapport et des éléments d'étapes seront fournis au Gouvernement dans les prochains mois. Cela adviendra à coup sûr et la vraie question est donc de faire en sorte que les ménages aient accès à cette information et puissent l'utiliser de manière concrète pour réduire leur consommation, ce qui signifie qu'il faut les informer, prendre des décisions en matière de tarification, se demander s'il faut diffuser de façon systématique un compteur intelligent ou laisser à chacun la faculté de s'engager dans cette voie.

À l'évidence, les résultats de la première génération des biocarburants n'ont pas été à la hauteur des espérances. Cela nous renvoie au débat sur la déforestation. On peut faire des choses très intéressantes avec la canne à sucre, mais il ne faut pas que cela joue à l'encontre d'autres objectifs. Là aussi, une politique de labellisation peut avoir des résultats positifs.

Le changement de société est un enjeu à terme de ce débat. Des initiatives ont été prises, notamment à la suite du rapport de Joseph E. Stiglitz et Amartya Sen, qui porte précisément sur l'idée que la croissance ne suffit pas et qu'il faut un indicateur plus large de bien-être. Lorsque je lui ai remis le rapport sur la consommation durable, Nathalie Kosciusko-Morizet a fait observer que lorsque l'on se cassait la jambe, cela suscitait une activité, notamment médicale, donc une augmentation du PIB… On voit bien que la production, c'est la somme de ce que l'on fait, y compris pour réparer ou pour compenser la dépréciation du capital. Les discussions vont se poursuivre mais changer la société ne se fait pas du jour au lendemain, c'est une oeuvre de long terme : c'est pour cette raison qu'on parle de développement durable.

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