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Intervention de Charles édelstenne

Réunion du 2 février 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Charles édelstenne, président–directeur général de Dassault aviation :

Dans tous les pays industrialisés, on constate une fuite vers la sous-traitance dans les pays à bas coût. Même les États-Unis, qui bénéficient de la faiblesse du dollar, sous-traitent en Inde pour la partie logicielle et au Mexique pour la partie production. L'Europe subit d'autant plus cette pression qu'elle est plombée par la parité eurodollar.

Dans ce contexte, notre société poursuit une politique de conservation de ses effectifs, tout en essayant de transférer une partie de la surcharge dans des pays à bas coût afin d'abaisser le coût moyen de nos productions. Il ne faut pas diaboliser cette sous-traitance. Nos coûts salariaux étant incompressibles, nous nous efforçons, d'une part, de diminuer la main-d'oeuvre par le biais de l'informatisation, d'autre part de diminuer les coûts de production en sous-traitant à l'étranger.

Nous nous étions engagés dans une telle politique avant d'être pris à contre-pied par la crise. La cadence de production des Falcon, qui atteignait douze avions par mois, est redescendue à cinq. Pour faire face, je n'ai licencié personne mais j'ai diminué les heures supplémentaires, j'ai eu recours au chômage partiel et j'ai mis fin à ma politique de sous-traitance vers l'étranger. Cela dit, si le marché repart, je reprendrai cette politique pour en accroître la proportion de 10 à 20 % en ce qui concerne le marché civil, aucune fabrication militaire n'étant réalisée à l'étranger.

Je vous remercie pour votre intervention au sujet du programme Rafale, monsieur Viollet. Je ne doute pas qu'on prendra ce programme comme modèle économique lorsque l'on parlera d'industries d'armement dans les écoles de commerce. Malgré dix ans de retard de programmation pour des raisons purement financières, malgré les obsolescences constatées, malgré la diminution des quantités par rapport aux besoins initialement définis, malgré les contraintes budgétaires supplémentaires résultant des OPEX, le prix de l'avion n'est aujourd'hui que de 4,70 % supérieur au prix initial, comme vous l'avez démontré dans vos travaux. Par comparaison, le coût budgétaire global de l'Eurofighter dépassait déjà celui du Rafale de plus de 50 % il y a cinq ans. Quant au Joint Strike Fighter, programme de près de 3 000 appareils qui visait à juguler l'augmentation exponentielle du coût des avions de combat américains, la presse estime qu'il devrait coûter aux contribuables américains le double du montant estimé. Les derniers chiffres détaillés auxquels nous avons eu accès montraient que son coût était déjà équivalent à celui de Rafale, en dépit de la parité.

On peut donc conclure que le programme Rafale a été bien géré, tant par l'industriel que par la DGA.

Par ailleurs, je suis bien conscient de l'importance du besoin opérationnel en drones en Afghanistan. Nous avons proposé une solution intérimaire consistant à louer des Heron TP que les Israéliens sont prêts à nous fournir. Nous nous proposons d'adapter les appareils aux besoins de la défense française. Cette solution serait disponible dans environ un an. Le ministre de la défense est en train d'étudier le sujet.

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