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Intervention de Charles édelstenne

Réunion du 2 février 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Charles édelstenne, président–directeur général de Dassault aviation :

D'abord, je veux rappeler que les coopérations industrielles et technologiques sont indispensables pour réussir à exporter. Dans de très nombreux pays, le corollaire d'un engagement financier majeur en faveur de l'acquisition d'un avion de combat est, au-delà des capacités de l'avion qui répondent à l'expression d'un besoin exprimé par les militaires, la justification aux yeux de l'opinion publique de l'investissement de défense. Les transferts de technologies, le maintien ou la création d'emplois dans des filières industrielles de pointe chez le pays client sont désormais des exigences incontournables. Je ne suis pas réticent quand il s'agit de réaliser des transferts de technologies vers des pays comme le Brésil, car ils se font dans le cadre d'un achat important fondé sur un programme plus important encore. Si ce pays lance un avion, il ne le fera que s'il a véritablement un besoin et non seulement pour l'exporter. Or, en achetant un nombre significatif de nos appareils, il aura rempli ses besoins pour les 30 ou 40 prochaines années, si bien que le transfert de technologies ne fera pas naître un concurrent immédiat à nos productions. Nous voulons construire avec ce pays un vrai partenariat de long terme, qui doit même nous permettre de préparer le futur ensemble. Du reste, le Brésil possède déjà une grande compétence en matière civile.

En matière de recherche et développement, monsieur Folliot, le budget de la défense est revenu au niveau que nous connaissions il y a 20 ans environ et sa faiblesse rend difficile le maintien des compétences. Or ce maintien est au premier rang de mes préoccupations. Le remplacement du Rafale n'interviendra pas avant 25 ans. Si nos équipes sont aujourd'hui capables de concevoir et de fabriquer un avion de combat de cinquième génération, la continuité ne sera assurée que si l'on maintient dans nos bureaux d'études les quatre catégories d'ingénieurs qui correspondent aux quatre étapes, de 10 ans chacune, de la carrière d'un ingénieur : apprendre, faire, faire faire, contrôler. Pour maintenir ces compétences, il faut des programmes ou des démonstrateurs qui permettront de conserver les savoir faire indispensables. À défaut, nous risquons de ne plus pouvoir remplir la première catégorie, donc de compromettre l'avenir. La demande que j'adresse aux politiques, s'ils veulent que nous conservions cette capacité, est que l'on nous attribue tout ce qui vole et qui est militaire – à l'exception des avions de transport.

La deuxième mesure pour préserver une compétence en dépit de l'amenuisement des crédits serait de matérialiser cette coopération franco-britannique rapidement à travers les projets de drones dans la perspective de préparer la réalisation future d'un avion de combat ensemble. C'est ce qui explique la rapidité et le volontarisme de notre rapprochement avec les partenaires britanniques. En effet, s'il est un pays possédant une expérience aéronautique et disposant encore de budgets militaires conséquents, c'est bien le Royaume-Uni. Une coopération permettrait de maintenir la compétence en Europe en vue d'un programme futur.

Je précise enfin que nous sommes le seul groupe industriel au monde à avoir participé, à hauteur de 25 %, au développement d'un appareil militaire. Mais nous ne serons plus à même de le faire à l'avenir. Nous maintenons des technologies duales – commandes de vol, aérodynamique, etc. – dans nos programmes civils successifs. Au minimum, nous devons mettre en chantier des démonstrateurs en matière de furtivité, d'armements ou de systèmes de combat.

Le démonstrateur de drone de combat nEUROn, réalisé par la France en coopération avec cinq pays, constitue un début de réponse. Ce programme, qui est un succès, se terminera au milieu de 2012. Il faudra le poursuivre par un « nEUROn II » si l'on veut maintenir des compétences et introduire une vocation non plus uniquement technologique, comme c'est le cas du modèle actuel, mais opérationnelle. Les montants en jeu, relativement faibles, permettront de continuer à développer les technologies qui serviront aux avions de combat.

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