…des pays en développement par les Émirats, ce qui leur a permis d'obtenir le siège de l'IRENA et l'éviction du seul candidat à la direction de l'Agence qui n'était pas français ou européen mais qui provenait des pays du Sud. On a échangé l'un contre l'autre : la candidature qui favorisait l'Allemagne pour le siège de l'Agence contre une personnalité du Sud pour la direction générale. Tout ceci a été mis à mal par la diplomatie française.
Brun comme les perspectives – le commerce est toujours présent. Lorsque le Président Sarkozy va dans un pays du monde, il y a un lot de contrats juteux à réaliser et des perspectives de contrats nucléaires et d'armement à signer. À l'époque, on ne savait pas que cela ne marcherait pas, puisque AREVA a perdu et que les Sud-Coréens ont gagné. Il y avait donc des perspectives de contrats nucléaires et d'armement – avec tout le lot de commissions, de rétrocommissions, de corruptions, et j'en passe ! – qui ont conduit le Président Sarkozy à trahir notre premier partenaire européen : l'Allemagne.
Troisième précédent, et vous l'avez abordé : c'est la première fois que le français n'est pas la langue de travail d'une organisation internationale de cette taille. Monsieur le ministre, vous avez mentionné ce recul, mais tels que sont rédigés les statuts, il est bien indiqué, à l'article 20 du traité, dans une note figurant en bas de page, que l'arrangement de Madrid prévoit l'anglais comme unique langue de travail. Encore un précédent qui n'honore pas notre diplomatie !
Quatrième précédent : c'est la première fois qu'un directeur général d'une organisation internationale sera choisi par un comité restreint d'États, puisque ce n'est pas l'ensemble des États membres et l'assemblée générale de l'Agence qui votera. C'est ce que vos représentants ont accepté en octobre 2010, suite à l'éviction scandaleuse de la directrice générale, Mme Hélène Pélosse, qui était française, alors qu'elle avait été élue en juin 2009. Il faut rappeler que le ministre des affaires étrangères des Émirats, qui ne fait pas particulièrement la promotion de la parité, avait tout mis en oeuvre pour éviter l'élection de Mme Pélosse, en faisant pression. Il avait affirmé tenir tous les votes, avoir tout acheté et qu'elle ne serait jamais élue. Or, elle l'a tout de même été.
Mme Pélosse a refusé de soutenir la corruption liée à la campagne menée pour obtenir le siège à Abou Dabi et elle n'a pas signé les transferts financiers promis par les Émirats aux pays en développement en échange de leur soutien. Ce sera à vos fonctionnaires de le faire en validant dans le futur projet les fonds de développement pour Abou Dabi, d'un montant de 350 millions de dollars sur sept ans. Il est vraisemblable, je le répète, que certains tyrans, certains dictateurs, avec des commissions et des rétrocommissions, s'en « mettent plein les poches ». C'est la grande tradition de la Françafrique.