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Intervention de François Wilthien

Réunion du 20 janvier 2011 à 9h30
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

François Wilthien, premier vice-président du syndicat des médecins généralistes, MG France :

Il faut distinguer la fraude de l'abus : ce sont deux notions complètement différentes.

Envisager de nouveaux moyens de lutte contre la fraude, tels qu'une sécurisation renforcée de la carte Vitale, n'est pas sans poser des problèmes déontologiques : je vous rappelle que nous n'avons pas le droit de vérifier l'identité de nos patients. N'étant ni des officiers d'état civil, ni des officiers de police judiciaire, nous devons agir avec les documents qu'on nous présente.

Mais revenons à la « vraie vie », même si personne ne conteste l'existence de la fraude et la nécessité de lutter contre elle : celle-ci ne représente pas 1 % de l'activité moyenne d'un cabinet de médecine libérale. Un praticien exécutant 4 à 5 000 actes par an, cela signifie qu'elle porte sur quarante à cinquante actes par an, soit un acte par semaine. Une telle proportion justifie-t-elle que nous cherchions des moyens de lutte qui risquent de rendre la pratique de notre métier excessivement complexe, surtout pour ceux qui exercent dans des quartiers un peu difficiles. Exerçant depuis trente-cinq à Aubervilliers, dans un département, la Seine-Saint-Denis, dont la population n'est pas des plus faciles, je crois pouvoir dire que je connais mes patients, et j'imagine que ce doit être à peu près la même chose pour mes confrères. Si nous devenons aussi des auxiliaires de la police, ce sera au détriment de notre mission thérapeutique.

S'il s'agit de traquer les gaspillages de fonds publics, pourquoi ne développe-t-on pas le parcours de soins ? Pourquoi ne pas promouvoir une bonne utilisation de l'hôpital ? On pourrait également parler de la succession de coûteux plans de santé publique à l'utilité contestable, du Mediator, ou des médicaments anti-Alzheimer dispensés larga manu dans les hôpitaux, alors que leur service médical rendu est faible et qu'on commence à s'interroger sur leur innocuité. On voit qu'il s'agit d'un vaste débat.

J'ai cru comprendre qu'on préférait, comme d'autres pays européens, s'engager sur la voie d'une carte Vitale sécurisée. Si tel est le choix de l'État et de la Nation, il va de soi que nous nous y plierons. Je me permets simplement de vous dire que cela compliquera notre pratique thérapeutique alors qu'il existe des gisements d'économies beaucoup plus féconds.

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