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Intervention de Alain Juppé

Réunion du 2 février 2011 à 15h00
Débat sur l'otan et les orientations données aux forces armées françaises

Alain Juppé :

J'avoue que l'un des moments les plus forts que j'ai vécus à Lisbonne est celui où le président Obama s'est tourné vers le président Medvedev en lui déclarant qu'il n'était pas seulement un partenaire mais un ami. Il en va, j'y insiste, de l'intérêt de l'Europe et de celui de la France de créer avec la Russie des conditions de confiance qui fondent un partenariat étroit.

C'est ce qu'ont fait les alliés à Lisbonne en appelant notamment à une coopération avec la Russie en matière de défense antimissile balistique et, plus largement, à un partenariat stratégique renouvelé avec ce pays au service du vaste espace commun de sécurité de l'Europe envisagé lors du sommet d'Astana de l'Organisation de sécurité et de coopération en Europe.

Il s'agit d'un choix politique majeur. Sa mise en oeuvre ne sera pas facile, y compris sur le plan de la défense antimissile. Je ne puis vous dire aujourd'hui quelles seront les conditions dans lesquelles ce projet sera mis en oeuvre. Nous devons trouver un juste équilibre entre les besoins de l'Alliance et la volonté affichée par la Russie de participer à la sécurité commune. Il nous appartient également de faire face aux inquiétudes, voire aux divergences de vues de certains alliés, tandis que d'autres, à Moscou, continueront de souffler le chaud et le froid. Nous devons néanmoins rester fermes sur notre objectif à long terme qui est d'amener la Russie à participer au dispositif de sécurité européenne.

Pour relever ce défi, la France aura un rôle déterminant à jouer, forte du niveau de confiance du dialogue stratégique franco-russe et de sa maîtrise des enjeux complexes de la défense antimissile.

Vous le voyez, les réformes ambitieuses décidées à Lisbonne confirment pleinement les orientations actuelles que nous donnons à nos forces armées, car elles réaffirment la nécessité d'adapter nos modes de pensée et nos modes d'action aux nouvelles menaces – à cet égard je ne suis pas sûr que l'on puisse analyser la situation du monde, cher Daniel Garrigue, à la lumière de ce que le général de Gaulle a fait en 1966 : le monde a quelque peu changé depuis et nous devons en tenir compte –, la nécessité, aussi, de disposer de forces entraînées, déployables et parfaitement interopérables avec nos alliés, et de préserver un outil militaire complet.

Ces réformes sont inséparables de notre volonté de construire une défense européenne crédible. Plus que jamais, c'est une priorité pour la France, et je veux insister, comme l'a fait M. Vitel.

Si nous voulons cette défense européenne, c'est d'abord par ambition politique pour l'Europe : l'Union ne pourra pas jouer tout son rôle politique et peser sur les équilibres du monde sans être adossée à une capacité de défense.

C'est ensuite par réalisme : le monde est plus imprévisible que jamais ; notre ministre des affaires étrangères – ce n'est pas moi ! (Sourires)-…

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