Cette mission consiste tout simplement à défendre les intérêts de la France dans une lutte contre le terrorisme qui nous concerne très directement, y compris sur le territoire en question.
Monsieur Emmanuelli, ne pensez pas que les militaires ne peuvent pas dire autre chose : quand on discute avec eux au cours d'une soirée festive et qu'on les invite à « se lâcher », ils parlent et ils parlent même à la presse car, dans les armées aussi, aujourd'hui, la notion d'expression, de concertation progresse.
Sur le théâtre en question, vous le savez, les alliés ont décidé de débuter dès cette année la phase de transition qui doit conduire les forces afghanes à endosser pleinement la responsabilité de la sécurité dans l'ensemble du pays à l'horizon de la fin de 2014. Parallèlement, à travers leur partenariat durable avec le gouvernement d'Afghanistan, ils ont également réaffirmé leur engagement à long terme aux côtés du peuple afghan.
Cet agenda correspond à notre propre analyse de la situation sur le terrain. Notre objectif prioritaire est aujourd'hui d'assurer d'ici à la fin du premier semestre 2011 – à savoir dans quelques mois – les conditions permettant le transfert aux autorités afghanes de la sécurité du district de Surobi. Ce transfert sera décidé par le pouvoir afghan en fonction de critères de sécurité et de gouvernance mais aussi d'un ordre de priorité qui sera fixé en février puis en octobre prochain en prenant en compte la situation sur le terrain.
Nous souhaitons ensuite nous concentrer sur la Kapisa où nous avons d'ores et déjà intensifié nos efforts, d'une part sur le plan sécuritaire en nous inscrivant résolument dans le plan d'action du général Petraeus sur le grand Kaboul et, d'autre part, en matière de gouvernance en soutenant résolument l'action de l'État afghan et des instances locales de gouvernement.
Nous devons également continuer à nous investir en matière de développement – sujet évoqué par M. Cochet que je souhaite rassurer en lui indiquant que nous sommes très actifs dans ce domaine –, à travers l'action du pôle de stabilité mis en place conjointement avec le ministère des affaires étrangères depuis l'été 2010 pour mener les actions de reconstruction civile. On construit des écoles, des hôpitaux, des routes et la France n'est pas la dernière à s'y atteler.
Elle donne même l'exemple. Ainsi c'est nous qui avions lancé l'idée de la transition, avec le transfert réussi de Kaboul aux Afghans, en 2008, proposé aux alliés par le Président de la République lors du sommet de Bucarest. Nous savons que la tâche sera difficile et nous sommes conscients des nombreuses incertitudes qui subsistent, mais nous avons une stratégie cohérente.
J'indique très amicalement à Laurent Fabius, que sa proposition alternative pour l'Afghanistan m'a laissé sur ma faim.
En effet, que nous avez-vous dit ? Qu'il fallait nous retirer de l'Afghanistan. Or je vous rappelle que le Président de la République lui-même a déclaré que nous n'étions pas en Afghanistan pour l'éternité. Bien sûr que nous nous retirerons un jour : mais quel jour ? Vous n'avez pas répondu à cette question. Nous envisageons de redéployer notre dispositif à partir de 2011, la question demeurant de savoir comment nous procéderons pour atteindre l'objectif fixé pour 2014.
Vous avez ensuite affirmé, monsieur Fabius, qu'il fallait rester vigilants dans la lutte contre le terrorisme. Dont acte. Nous devrions également, selon vous, accroître notre aide au développement et concerter notre retrait avec nos alliés. Je ne vois pas ici de divergence fondamentale avec la stratégie adoptée à Lisbonne et je ne suis pas sûr qu'en cas de changement politique on assiste à un grand chambardement de la position française sur l'Afghanistan tant l'exercice du pouvoir conduit parfois à un certain réalisme, à une certaine prudence. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)