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Intervention de Hervé Mariton

Réunion du 2 février 2011 à 15h00
Débat sur l'otan et les orientations données aux forces armées françaises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Mariton :

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, mes chers collègues, le débat sur l'OTAN et les orientations données aux forces armées françaises est opportun car il permet de faire en sorte que les enjeux de défense soient partagés par la représentation nationale et, à travers nous, de parler défense avec les Français. Il s'agit d'affirmer un contrat avec nos concitoyens, d'assumer en conscience les contraintes budgétaires dans des conditions compatibles avec nos objectifs politiques et de répondre aux nouveaux enjeux du monde.

Affirmer un contrat avec les Français, c'est d'abord – et tout débat sur la défense doit commencer par souligner cela – transmettre l'esprit de défense qui n'est jamais acquis. C'est l'une de nos responsabilités politiques.

Ce contrat doit être énoncé avec une bonne cohérence des objectifs et des moyens que sont le Livre blanc, la loi de programmation militaire et les choix budgétaires successifs.

Le contrat avec les Français est aussi un contrat de protection de nos intérêts et, plus que jamais aujourd'hui dans la période troublée que nous vivons, de protection de nos ressortissants. En effet, il est important que nous ayons la capacité et la crédibilité de dire à nos ressortissants que nous les protégeons.

Assumer en conscience les contraintes budgétaires, c'est ce qui se fait depuis quelques années déjà en termes d'optimisation des moyens, avec un programme ambitieux et, au fond, bien mené de restructurations, tout en gardant les objectifs et en veillant aux priorités du Livre blanc. Des évolutions ambitieuses sont menées globalement, armée par armée. Sans doute faut-il aussi les insérer dans un cadre interministériel qui peut permettre d'aller au-delà. Avec d'autres, je souscris à cette idée que la réforme des structures est importante et que celle des procédures ne l'est pas moins. Le cadre réglementaire dans lequel se meuvent vos armées et vos administrations, monsieur le ministre d'État, méritent assurément d'être simplifiées et rendues plus efficaces.

C'est aussi la conscience des contraintes budgétaires, en France et en Europe, qui nous fait avancer ou devrait nous faire avancer davantage. Le traité signé avec le Royaume-Uni le 2 novembre dernier, sans contrainte budgétaire chez nous mais sans doute pas pour le Royaume-Uni, a constitué un pas déterminant.

Il y a également, avec nos amis Allemands, la nécessité d'un renforcement de la coopération dans les industries de défense, la réalité étant très en deçà des ambitions que l'on peut légitimement avoir car la matière est difficile.

Sur un plan plus directement opérationnel, j'évoquerai l'enjeu que représente la modernisation de la brigade franco-allemande. Au-delà de sa mission au Kosovo quelle peut être, dans l'avenir, la mission de cette brigade et quels sont ses objectifs ? Il est important de donner sa signification à ce symbole.

Nous appelons également de nos voeux des progrès en matière de gestion des enjeux de défense au sein de l'Union européenne. Cette dernière doit nous permettre de mieux affronter les contraintes budgétaires d'aujourd'hui et de demain, sans perdre de vue les enjeux de défense. C'est l'un des enjeux pour l'Europe, et, évidemment, pour l'OTAN. Au-delà du nouveau concept stratégique, l'ambition de la transformation de l'OTAN est aussi une ambition budgétaire. Nous devons la tenir globalement et pour la France, alors même que notre retour dans certaines instances de l'OTAN est l'occasion de coûts supplémentaires. Une meilleure définition de la relation entre l'Union européenne et l'OTAN peut être l'occasion, là encore, d'une meilleure optimisation des moyens.

Enfin, il faut répondre aux nouveaux enjeux. C'est ce que vous avez fait, monsieur le ministre d'État, avec nos alliés, les 19 et 20 novembre derniers, en définissant un nouveau concept stratégique de l'OTAN. De nouveaux sujets sont abordés. Il faut leur donner toute leur chair et les partager avec nos concitoyens. Je pense à la cyberdéfense et à la cyberattaque. Il est important d'expliquer de quoi il s'agit et d'en préciser les enjeux.

En tant que président du groupe d'amitié France-Fédération de Russie, j'ai rencontré, il y a quelques semaines, le président de la commission des affaires étrangères de la Douma. À cette occasion, j'ai pu mesurer combien nos amis russes sont allants, même si l'on doit évaluer l'opportunité d'un meilleur lien entre l'OTAN et la Russie et les difficultés qui se présentent.

Nous attendons bien sûr également de nouvelles initiatives dans le domaine de la politique de sécurité et de défense commune. Notre Livre blanc appelait à la rédaction d'un livre blanc européen. À cet égard, je crois que nous avons envie aujourd'hui que l'Europe avance sur ce terrain. Il est évident que la France ne peut pas faire seule le Livre blanc européen de la défense. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un enjeu important et utile pour l'Union européenne, de façon qu'elle puisse avancer dans l'OTAN.

Tous ces enjeux sont importants et c'est notre volonté politique qui permettra de témoigner de la responsabilité et de la souveraineté de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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